Lucillda Nobody

Histoire

Lucillda Nobody est née il y a 117 ans de cela au coeur de la forêt Astraël, là où vivaient presque tous les représentants de sa race : les elfes. Le début de sa vie fut tranquille, ses parents aimants et ses proches amicaux. Ils vivaient en périphérie de la cité des elfes et la fillette passait la plupart de son temps à se promener, seule ou accompagnée, dans les bois environnants. Tout se passait pour le mieux mais alors que la petite fille grandissait, elle se mit de plus en plus à cultiver le goût de la solitude. Elle partait de plus en plus souvent seule et finit par se détacher de la société elfique et de ses amis. Elle supportait de moins en moins la présence des autres, s'enfermant dans un cercle vicieux de solitude. Elle devint de plus en plus timide, allant même jusqu'à craindre la présence des autres. Cette situation empirant avec les années, la jeune elfe agée alors de 14 ans finit par fuguer, quittant ses parents sans prévenir et sans un mot d'explications. Cet évènement marqua le début d'une nouvelle vie pour la jeune fille, le début d'une vie où rien ne serait plus facile.
Durant une année entière l'adolescente vécu donc seule, isolée de tous et de tout. Mais cela lui fit le plus grand bien, cet isolement lui permit de faire le point sur ces actes et son comportement passé ainsi que de se reprendre en main. De plus, ses capacités naturelles d'elfe et ses connaissances sur les bois accumulées lors de ses plus jeunes années lui permirent de mener une vie qui n'était pas trop inconfortable malgré des conditions rustiques. Pendant un an elle ne fréquenta donc qu'animaux et végétaux, n'adressant la parole à aucune personne. Et c'est seulement après un an de cette vie solitaire que Lucillda décida de prendre son courage à deux mains et d'affronter les autres et la peur qu'ils lui inspiraient. Elle regroupa donc ses quelques affaires, bien décidée à retrouver une vie en société. Cependant, elle ne se sentait pas encore prête à retourner chez elle et à affronter le regard et les reproches de ses parents suite à cette longue disparition. C'est donc en errant à la recherche d'un lieu où s'installer que la jeune fille d'alors 15 ans entendit parler d'une académie de magie. Sa destination était donc trouvée, Lucillda deviendrait élève à l'académie d'Edalia.

Lors de son arrivée à l'académie la jeune elfe fut répartie dans la maison de la terre, elle apprendrait donc la magie liée à cet élément. Ce choix qui résultait d'une épreuve à la conclusion de laquelle elle avait reçu une amulette représentant son élément lui convenait parfaitement. Après tout, quoi de plus naturel pour une elfe sylvaine que d'apprendre les mystères de la terre ?
Et comme prévu, apprendre la magie de la terre fut un réel plaisir pour la jeune élève. Ses professeurs ne lui convinrent pas toujours mais leur enseignement était très intéressant. Durant sa première année Lucillda apprit donc à faire pousser de nombreuses plantes et à reconnaître leurs types en cours d'élément. Mais elle suivit aussi des cours de combat, d'étude des runes, d'alchimie ainsi que de maîtrise de soi. Tout ceci était très intéressant, en particulier le cours de runes à l'issu duquel tous les élèves reçurent un gardien. Celui de Lucillda se nommait Miolnir et avait l'apparence d'un lémurien nain lorsqu'il n'était pas enfermé dans la bague qui lui servait de refuge. Cet animal était en connexion permanente avec l'esprit de l'elfe et au moment de le recevoir, elle n'imaginait même pas à quel point il lui serait utile dans le futur. En effet, en plus de nouveaux savoirs très intéressants, la jeune fille apprit d'autres choses. Elle apprit à renouer des liens avec des gens, mais elle appris aussi à souffrir. Parmi les gens que Lucillda rencontra à l'académie, quatre marquèrent particulièrement son existence et sa mémoire. C'était quatre élèves, chacun d'une maison différente.
Le premier était de la maison de l'air et se nommait Aranel Sirfalas. Des quatre, c'est sans aucun doute celui qui bouleversa le plus la jeune fille. Au départ elle avait trouvé en lui quelqu'un qui lui ressemblait quelque peu. Ce jeune homme n'aimait pas les autres, il vouait une haine assez poussée à l'humanité mais ceci sans la timidité maladive qui paralysait Lucillda. Lui osait dire ce qu'il pensait, elle en fit donc un modèle, tentant de devenir plus sûre d'elle. Mais alors que le temps passait, cette admiration grandit et l'affection qu'elle lui portait aussi. Voilà comment Lucillda connut pour la première fois ce sentiment particulier qu'est l'amour. Pendant quelque temps elle le tût, avant de finir par lui avouer le soir de leur bal de fin de première année. A son plus grand étonnement il ne la repoussa pas, finalement sous cette apparence de glace devait se cacher un coeur qu'elle avait su toucher. Ils vécurent alors heureux, mais uniquement pour quelques jours. Durant ce temps là il offrit à la jeune elfe son deuxième compagnon : Tsimmi, un bébé chat, croisé avec un lynx qui malgré sa taille imposante et ses origines sauvages se trouvait être très câlin. Mais ce bonheur ne dura pas et quelque jour après cette déclaration, Aranel disparut sans laisser de trace. C'était la fin de l'année et personne ne savait où il était parti. Lucillda fut bouleversée par cette disparition, la ressentant comme un rejet personnel et cela la fit sombrer dans une dépression malsaine. C'est alors qu'entra en jeu la deuxième personne qui marqua la mémoire de la jeune elfe...
La tristement célèbre Yuuki Kuran, vampire de l'ombre. Contrairement à ce qu'on pourrait penser en comparant le caractère dominateur de l'élève de l'ombre à celui réservé de Lucillda, leur relation ne fut pas basée sur la peur et la menace. L'elfe avait une mauvaise impression de la vampire avant de la connaître vraiment, quand elle ne voyait que le côté sadique et manipulateur de la jumelle Kuran, mais ce n'est pas cette image qui s'imposa à elle quand elle la rencontra personnellement. Cette rencontre se fit après le départ d'Aranel, dans une foret sombre et dangereuse où la jeune elfe errait, ayant plus ou moins perdu le goût de la vie. Lors de cette rencontre elle constata que Yuuki aussi pouvait avoir des moments de faiblesse, qu'elle n'était pas aussi indestructible que ça, et surtout, qu'elle gardait une part d'humanité. Les deux élèves finirent par se confier l'une à l'autre, construisant une relation loin d'être évidente dès le départ et basée sur une confiance et un soutien mutuel. Cela permit a Lucillda de se rendre compte qu'au fond de chacun il y avait forcément du bon, pas uniquement ce que les gens montraient.
C'est aussi à cette période que Lucillda fit la connaissance de la troisième personne qui marqua son esprit : Eoluenn Nominoë, un élève de la maison de l'eau, de'un an son cadet. Lucillda était en deuxième année lorsqu'elle le rencontra un matin. La jeune fille était à recherche de Tsimmi et Miolnir après une nouvelle nuit d'insomnie quand elle arriva dans la volière et qu'elle tomba sur ce garou goéland à la langue bien pendue. En effet, l'élève de première année semblait ne pas savoir que faire et il eu le mérite de distraire la jeune fille déprimée. Il réussit avec une facilité déconcertante à la faire rire et parler, chose qui ne semblait pas évidente aux premiers abords. Finalement ce drôle d'oiseau agissait un peu comme un antidépresseur chez l'elfe, et pour cette raison, elle se prit rapidement d'affection pour lui.
Et enfin, la dernière personne qui eut une forte impression sur Lucillda fut un de ses camarade de la maison de la terre, un garou du nom de Christyän Maät et qui prenait l'apparence d'un loup noir. Ils avaient passé une année entière dans la même maison sans nouer de lien particulier. Mais le matin de leur entrée en seconde année un évènement étrange se produit : la rencontre entre la forme garou du jeune homme et Miolnir, le gardien de Lucillda. Le gardien qui généralement ne s'approchait pas des autres, étant trop timide pour le faire, eut une réaction plus qu'improbable. De son plein gré Miolnir s'approcha du loup et se mit à le caresser. Malgré leur différence de taille flagrante il n'eut pas peur ce qui surprit sa propriétaire. Lucillda ne comprenait pas ce qui s'était passé mais était sûre d'une chose, c'était important et faudrait qu'elle éclaircisse ce mystère avec Christyän.
A ces relations particulères sans ajoutèrent d'autres, moins marquantes, telles des amitiés classiques de camarades de classe, les filles de la terre de son année, et d'autres personnes rencontrées au gré des couloirs. Finalement la jeune elfe avait trouvé ce qu'elle cherchait dans cette académie. Elle avait réussi à se re-sociabiliser, à faire la paix avec le monde, et en plus de ça, malgré ses déboires amoureux, elle se sentait bien dans cette école.

Mais le calme ne dura pas et un matin alors que toute l'académie dormait encore, la tempête se déchaîna : un combat se déclara entre un professeur devenu fou et les directeurs de l'académie. Le bruit provoqué arriva jusqu'aux oreilles sensibles de la jeune elfe qui se réveilla et sortit de sa tour, accompagnée de Tsimmi et Miolnir, pour satisfaire sa curiosité et voir ce qui se passait. C'est ainsi qu'elle vit l'académie se faire attaquer par une horde de bandits.
Lucillda n'avait jamais été très courageuse, et plus que tout, elle ne supportait pas les combats, c'est donc son instinct qui la poussa à fuir. Sur le moment elle ne pensa pas aux autres élèves, juste à s'échapper de ce lieu qui devenait dangereux. Et c'est grâce à toute sa discrétion elfique qu'elle parvint à se faufiler hors de l'académie sans se faire répérer et qu'elle put fuir loin de l'académie, passant sous le nez des bandits chargés de la garde des portes.
Dans un premier temps l'adrénaline guida ses pas, la menant vers la foret Astraël, vers ses origines, mais rapidement la fatigue prit le dessus et elle s'endormit à même le sol. Lorsqu'elle se réveilla le lendemain, les souvenirs lui revinrent en boucle et elle se rendit compte de ce qui était arrivé. Grimpant à la cime d'un arbre elle repéra rapidement un tas de gravas encore fûmant, tout ce qui restait de l'académie où elle avait vécu les deux années précédentes. Il ne fallu pas longtemps à son cerveau pour imaginer ce qui avait du arriver aux autres élèves... Tous endormis dans leurs tours respectives, ils n'avaient eu aucune chance. Et elle... Elle était au courant mais n'avait rien fait. Elle avait fui égoïstement, sans donner l'alerte, sans penser aux autres. Lucillda se rendit compte qu'elle aurait pu les sauver, ou au moins tenter quelque chose pour le faire. Cette cruelle réalité s'imposa à son esprit, lui faisant perdre pied. Sa tête tournait, hantée par les esprits de ses anciens camarades et elle chuta, sombrant dans une confortable inconscience.
Combien de temps s'était écoulé jusqu'à ce qu'elle reprenne connaissance ? Elle l'ignorait, cela aurait tout aussi bien pu être une heure qu'une semaine. Son corps était meurtri par la chute, mais bien moins que son esprit torturé par des images de massacres et de jeunes cadavres jonchant les couloirs de l'académie. Elle ne pouvait empêcher ses yeux de déverser des centaines de larmes et lorsqu'elle se releva, ce fut pour s'éloigner de l'académie, comme si la distance pouvait faire taire sa conscience. Elle erra comme ça pendant plusieurs jours, oubliant de se nourrir, n'arrivant plus à entrer en contact avec son gardien et allant jusqu'à oublier la présence de Tsimmi. Elle sombra ainsi dans une profonde faiblesse. Le jour et la nuit avaient perdu leur sens, elle errait sans but, s'arrêtant lorsque l'épuisement était trop grand.
Mais un jour elle fut réveillée par une présence. A côté d'elle se trouvait un vieil elfe qu'elle ne connaissait pas. Elle voulu fuir mais n'en eu pas la force et ne pu donc qu'accepter son aide. Il la soigna et l'emmena jusqu'à une cabane bien cachée dans la forêt. Là il s'occupa d'elle sans lui poser de question, et sans parler de lui non plus. Ce traitement dura plusieurs jours avant qu'il ne se présente comme Iséril, elfe solitaire, ermite de ces bois et ancien prêtre de la grande Lune. Lucillda lui répondit par son nom et son age mais ne donna aucune précision sur ses origines et la raison de sa présence dans la forêt, elle n'était pas prête à l'assumer. Il s'occupa d'elle pendant quelques temps et quand elle fut soignée, du moins physiquement, et qu'elle voulu partir, il lui proposa de rester. La jeune fille fut surprise de la proposition mais finit par accepter, après tout, elle n'avait pas vraiment de but et rester seule la conduirait sans aucun doute à la folie. C'est de cette manière que Lucillda, accompagnée de Tsimmi s'installa en compagnie du vieil Iséril.
Au début de cette cohabitation, les relations entre les deux elfes étaient restreintes au minimum. Aucun des deux n'était très loquace, le vieil homme passant le plus clair de son temps à méditer et la jeune femme à pleurer ses amis perdus et à tenter de se pardonner son attitude. Mais au fur et à mesure, ils se rapprochaient sans pour autant parler, finissant par nouer une complicité silencieuse. Il leur fallu ainsi plusieurs mois avant de commencer à se parler, d'abord de choses banales telles que l'environnement de la cabane ou la météo. Puis ensuite un peu plus d'eux, de ce qu'ils avaient fait de leur vie. Cependant jamais Lucillda ne mentionna sa vie a l'académie ni ce qui s'y était passé. Elle passa sous silence son aptitude à la magie, se contentant de rester discrète au sujet des deux années précédentes de sa vie. Mais ce début de dialogue entre les personnages permit à la jeune fille d'apprendre qu'Iséril avait été l'un des prêtres chargés des traduction des livres anciens. Ce dernier maîtrisant plusieurs langues et plus particulièrement l'elfique, l'ancienne élève de la terre lui demanda s'il était possible qu'il lui enseigne. Plus jeune elle n'avait jamais été intéressée par les origines de son peuple et ses croyances, mais les divers bouleversements de sa vie avaient fini par la faire changer d'avis. C'est ainsi que Lucillda se mit à apprendre la langue de ses ancêtres et l'histoire de la lune. Ils vécurent comma ça plusieurs années avant que la jeune elfe ne finisse par confier avoir été élève à l'académie et être toujours hantée par les souvenirs de cette vie. C'est seulement après cette révélation que Lucillda retrouva le parfait contact qu'elle entretenait avec son gardien, comme si celui-ci avait été entravé par la culpabilité de sa propriétaire. Mais cet évènement ne bouleversa pas le quotidien des deux elfes, le vieillard se contentant de pousser la jeune à confier ses craintes et ses regrets à la Lune, la mère de toutes les magies. Et de nombreuses années passèrent encore de cette manière, les heures d'enseignements de l'elfique succédant aux heures de recueillement. Quelques fois, pour varier les enseignements Iséril faisait apprendre quelques rudiments de rune, suite de son enseignement à l'académie, mais elle était bien moins passionnée.
Cette vie simple mais qui convenait parfaitement aux deux partis dura plus de vingt ans. Ils vécurent éloignés de tout sans rencontrer personne jusqu'à ce qu'un évènement plus ou moins tragique vient rompre cet équilibre. En effet, Tsimmi, le chat de Lucillda, et surtout son fidèle compagnon, vint à mourir. Cette mort marqua une prise de conscience pour la jeune fille devenue entre temps une jeune femme. Elle ne pourrait pas éternellement fuir son passé et vivre isolée de tout. Il faudrait bien qu'un jour elle affronte ce qu'elle avait semé derrière elle. C'est donc encouragée par Iséril, son maître et ami qu'elle décida de reprendre son chemin et d'affronter le monde et c'est sur ses conseils aussi qu'elle choisit sa destination. Lucillda rentrait à la maison, elle retournait à Lunalïs, la cité des elfes, afin de tenter de renouer des liens avec sa famille. La séparation ne fut pas simple mais après de derniers au revoir et la promesse qu'elle reviendrait, Lucillda quitta ce qui fut sa demeure pendant plus de vingt ans, chargée de ses affaire et d'un livre offert par Iséril, et accompagnée uniquement de Miolnir, son minuscule gardien. En lui donnant le livre, l'elfe lui avait dit qu'il lui serait sans doute plus utile à elle qu'à lui, sans vouloir en dire plus.

Après quelques jours de marche Lucillda finit donc par atteindre la capitale elfique et après s'être un peu perdue dans les ruelles, elle réussit à retrouver la maison familiale. Cependant, il lui fallu plusieurs jours pour oser s'en approcher. Tous les jours elle allait dans le quartier, observait les gens à la recherche du visage des ses parents et repartait sans succès. Mais elle avait peur de retourner à la maison, peur de leur réaction... Finalement au bout d'une semaine la jeune femme prit son courage à deux mains et alla frapper à la porte. La femme qui lui ouvrit était bien sa mère, mais elle semblait usée par les années, malgré son statut d'elfe. Ses yeux s'écarquillèrent en voyant l'arrivante mais elle ne dit aucun mot, la laissant simplement entrer. Au final il y eut beaucoup d'explications, de cris et de larmes dans la maison familiale des Nobody ce soir là. Mais surtout, il y eut des retrouvailles et des promesses. Des promesses de ne plus partir comme ça sans prévenir, et surtout de rester à Lunalïs au moins quelques temps.
C'est ainsi que Lucillda se réinstalla chez ses parents pour une durée indéterminée. Elle trouva rapidement du travail chez l'alchimiste du coin en temps que vendeuse. Mais rapidement l'artisan lui apprit les rudiments de son métier afin de pouvoir lui déléguer les taches répétitives et pouvoir se concentrer sur des choses plus intéressantes. C'est ainsi que Lucillda apprit à reconnaître les différentes potions, à fabriquer poisons, antidotes et diverses potions de soin. Le quotidien pris ses marques et les années passèrent sans que rien de remarquable ne se passe dans la vie de la jeune femme. Elle avait même fini par oublier le livre offert par Iséril alors que celui-ci allait bouleverser sa vie.
Finalement, c'est un soir de pluie où elle n'avait rien de mieux à faire que la jeune elfe ressortit le présent du vieux sage. Il s'agissait d'un livre ancien dégageant une aura magique quand on prenait le temps de le manipuler. Rapidement, Lucillda comprit qu'elle tenait entre ses mains un ouvrage très précieux et elle en eu la confirmation en l'ouvrant et en en lisant le titre : "L'art de la Terre, par Fujin". Elle possédait donc un livre de magie qui lui livrerait les secrets de son élément et qui était écrit par le plus grand des Dieux des éléments. En plus, ce livre était plus que particulier, ce n'était pas de simples mots écrits sur du papier, c'était bien plus que cela. En effet, en le lisant, on vit les évènements qui y sont racontés. De cette manière, petit à petit, Lucillda prit conscience de la puissance de son élément sans pour autant oser pratiquer la magie. Les souvenirs de ce qui s'était passé à l'académie étaient encore trop présents pour que la jeune femme ose mettre en pratique ce que ce livre lui faisait découvrir mais elle prit la décision de le tenter un jour.
Voilà pourquoi, le jour où elle entendit un client du magasin où elle travaillait parler des temples des éléments, elle s'y intéressa de très près. Elle se mit à faire des recherches sur ces lieux sacrés, et plus particulièrement celui de la terre, persuadée que s'il existait un lieu où elle pourrait apprendre toute cette magie qu'elle avait découvert, c'était celui-ci. Mais ces recherches ne furent pas aisées et elle mit de nombreux mois à situer le lieu qu'elle désirait visiter. Et lorsqu'enfin ce fut fait, il lui fallut encore trouver le courage d'annoncer son départ à ses parents. Ces derniers eurent du mal à la laisser partir mais ils devaient bien se rendre à l'évidence que leur fille avait désormais plus de cinquante ans et qu'ils ne pouvaient pas contrôler sa vie et l'empêcher de faire ce voyage, aussi dangereux qu'il soit.

Lucillda quitta donc une nouvelle fois le domicile familial avec cette fois ci un but bien précis, une but qu'on aurait même pu qualifier de noble. Elle allait affronter ses démons, lutter contre la peur d'utiliser ses pouvoirs qu'elle avait contracté suite aux évènements traumatisants qu'elle avait vécu. Elle traversa la forêt Astrël et s'enfonça dans la forêt profonde uniquement munie de sa volonté, du soutien de son gardien et du précieux livre de magie. Elle eut beaucoup de mal à trouver le temple tant ce dernier se fondait dans la nature environnante. Et quand enfin elle le trouva, la jeune elfe fut subjuguée par la beauté et la prestance du temple élémentaire de la Terre. Fait de bois, sa puissance rayonnait à travers les arbres et Lucillda sentit sa magie pulser dans ses veines. Soudainement elle se sentit remise en confiance vis à vis des pouvoirs de la terre et c'est sereinement qu'elle entra dans ce havre de paix et de magie.
Bercée par l'ambiance du lieu, la jeune femme commença à méditer, ne sachant pas pourquoi elle faisait cela, mais étant juste persuadée que c'était ce qu'elle avait à faire. Dans le temple, le temps perd sa valeur, il est oublié. Heures et minutes n'avaient plus d'importance pour Lucillda, tant et si bien qu'elle était incapable de donner la durée de sa méditation. Toujours était il qu'à la fin de cette dernière, le sol autour d'elle était couvert de fleurs, crées de manière non-intentionnelle par la jeune femme au contact de sa magie. Emerveillée par ce résultat, elle ouvrit "L'art de la Terre" et étudia la première page avant de la mettre en oeuvre. Et c'est ainsi, en s'entraînant peu à peu au contact de la magie du temple et du livre sacré que Lucillda parvint à apprendre de nouvelles choses sur son élément. Et au bout d'une durée indéterminée, étudiant page après page le recueil, elle parvint à acquérir la maîtrise presque parfaite de son élément. Bien sûr toutes ses capacités étaient amplifiée par le lieu et le livre, mais Lucillda y était parvenu. Elle avait surmonté sa peur et se sentait prête à aller plus loin. C'est donc plus sûre d'elle et pleine d'espoirs que l'elfe quitta le temple de la terre, prête à expérimenter ses nouveaux pouvoirs dans des lieux moins propices.
La jeune femme commença par s'éloigner progressivement du temple, tentant différentes utilisations de la magie de la terre. C'était de plus en plus difficile et de plus en plus fatigant au fur et à mesure qu'elle s'éloignait du lieu béni des dieux mais elle ne perdait pas espoir. A chaque difficulté elle s'entraînait encore et encore pour la surmonter. C'est ainsi que la jeune femme acquérit la force de caractère et la détermination qui sont les siennes désormais. C'est aussi comme cela qu'elle est parvint à son niveau actuel de maîtrise de la Terre. Et lorsqu'enfin elle fut sortie du champ d'influence du temple et qu'elle s'était débarrassée de toutes les difficultés liées à son pouvoir, elle fut enfin satisfaite.
Son premier réflexe une fois cet enseignement terminé fut de retrouver celui grâce à qui il fut possible. Lucillda repartit donc à travers les bois à la recherche d'Iséril. Lorsqu'il la vit arriver, le vieillard ne masqua pas sa joie et c'est avec un plaisir non dissimuler qu'il la regarda lui montrer ses nouvelles capacités. Les deux anciens camarades passèrent quelques jours ensemble avant que le jeune femme ne reprenne la route pour retourner chez ses parents. Ceux-ci devaient s'inquiéter car son initiation avait été beaucoup plus longue qu'elle ne l'avait pensé. En effet, Lucillda avait désormais quatre-vingt-dix ans passés et même si pour des elfes cela ne signifiait rien, elle avait quitté Lunalïs depuis près de quarante ans. Donc même si son retour devait être bref, elle se devait de rentrer chez elle, prévenir sa famille que tout allait bien pour elle. Ceci fait, elle pourrait repartir à l'aventure.

Lucillda quitta une nouvelle fois Lunalïs avec un nouveau but. L'elfe voulait désormais visiter le territoire d'Edälia, découvrir de nouveaux lieux et rencontrer de nouvelles personnes. Elle se sentait maintenant assez forte pour affronter le monde sans courir de trop grands dangers. Durant des années elle parcouru ainsi le continent, ne restant jamais très longtemps au même endroit, ne marquant pas les mémoires. Finalement durant ces années Lucillda devint une ombre visitant le monde et utilisant sa puissante magie que de manière occasionnelle et discrète. Elle savait que le climat n'était pas propice à l'acceptation de ses capacités et la prudence était de mise pour elle.
Puis un jour elle entendit dire qu'un magicien était en train de reconstruire l'académie de magie et était à la recherche de professeurs. Durant les cent années précédentes elle avait scrupuleusement évité les alentours de l'école, n'osant affronter la triste réalité des champs de ruine en face. Mais là, elle tenait le moyen de racheter sa conduite d'un siècle auparavant. Elle était sans doute la personne maîtrisant le mieux le pouvoir de la terre sur le continent et c'est officiellement pour cette raison qu'elle se présenterait au poste de professeur de Terre à l'académie. Mais au fond d'elle, elle savait bien que c'était en hommage à toutes les victimes de la chute de la première académie, pour que la magie soit mieux maîtrisée et qu'un tel massacre ne se reproduise plus.

Lucillda ignore tout de la bulle temporelle, elle est loin de s'imaginer que certains de ses camarades ont survécu à l'attaque dans un enfer hors du temps. Elle sera la première bouleversée de cette nouvelle mais fera tout ce qui est en son pouvoir pour soulager leurs séquelles... Au final, elle leur doit bien ça.