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 La mort d'une comtesse

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Ayla Morg
Nandoriath
Ayla Morg
Date d'inscription : 11/04/2013
Nombre de messages : 197
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Feuille de personnage
Race: Vampire
Dons Élémentaires: Esprit
Perfectionnement: Magie Rituelle ~ École du Serpent

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MessageSujet: La mort d'une comtesse   La mort d'une comtesse Icon_minitimeMer 18 Fév - 12:25

Tapotant machinalement ses doigts contre son bureau, le vieil homme semblait on ne peut plus nerveux. Il ne comprenait pas cette situation et craignait d'avoir détruit une personne qu'il voulait voir évoluer loin de son horrible destinée. Myrddin disait toujours que dans l'enceinte de cette académie, il n'y avait que des élèves, non des nobles, des héritiers, des roturiers ou encore des élus de tels écrits concernant une race entière. Rien ne pouvait leur arriver, car ils étaient ses élèves, ses protégés, derrière ces murs, ils pouvaient quitter leur passé, leur quotidien et vivre une vie plus ou moins normale, une vie d'étudiant. Le directeur ne voyait jamais un échec dans une situation, tentant de trouver à chaque fois un enseignement dans une erreur ou une perte. Même lorsque Numen Silrul, héraut de l'Abysse, avait attaquée ses élèves, menacé de détruire le royaume d'Edälia dans un immense puits abyssal, fait plonger dans le coma son professeur de contrôle et tué le jeune Redd McCloud, Myrddin avait gagné en sagesse. Pourtant, là, il ne voyait aucun enseignement à tirer, aucune leçon, il ne sentait qu'une perte qui accablait son cœur. Se massant le crane, il ferma les yeux, tentant de se vider l'esprit, avant de revoir ces horribles images qui ne cessaient de le hanter depuis plusieurs heures. Elle était là, tendant sa main vers lui, le regard implorant, avant de finir écrasée par son terrible fardeau. Il n'avait rien pu faire, lui, l'un des êtres les plus proches de la lune, celui qu'on nommait le mage le plus puissant du monde, le sage ultime...n'avait pas pu sauver une pauvre enfant et ignorait tout de ce qu'elle allait devenir. Il retira ses lunettes, laissant les larmes couler, il ne pouvait gérer cela, il ne pouvait enlever sa culpabilité, tout était arrivé par sa faute.

La porte du bureau s'ouvrit avec violence, laissant rentrer les comtes royalistes, visiblement hors d'eux. Viktor Von Carline lui jeta un regard noir, s'apprêtant à ouvrir la bouche, désirant lui hurler dessus, après avoir perdu sa femme, son fils, son amour interdit, il avait peut être perdu sa fille adoptive à cause des sages ? Il fut arrêté dans son geste, le comte Hakairyoku attrapa sa main avec fermeté et secoua sa tête d'un air grave, ils n'étaient pas les seuls à souffrir. Viktor serra les dents, puis leur tourna le dos, tremblant légèrement, la situation était pire que jamais et pour la première fois, il ne savait absolument pas quoi faire. Myrddin essuya ses larmes et remit ses lunettes, respirant un grand coup, ils devaient faire quelque chose, même si il ignorait quoi.

- Et si on tentait un sceau draconique ? Un peu de sang de Thaxyl et le tour serait joué non ?

- Et pour sceller quoi, ce n'est que physiologique pour le moment, de plus, je doute que cela suffise, le sceau du serpent a été totalement détruit lors de sa transformation.

- Il faudrait donc qu'on comprenne ce qui l'affecte, une entité peut être ? Je pourrais rentrer en contact avec elle ?

- Trop risqué, on a eu assez de malheurs en quelques heures. A part la phrase que Persephone m'avait transmise, je ne sais strictement rien de ce qui a causé ce changement.

- Du sang, Nandoriath, transformation vampirique détruisant tout ce qui pourrait la faire ressembler à une humaine. Une ancienne magie du sang ? Non, ça ne colle pas.

- Et son pouvoir ? Phaera si je ne m'abuse.

- Je ne le ressens plus, comme si il avait été totalement absorbé lors de sa transformation, ça expliquerait pourquoi elle ne vous reconnaissait plus. Si ce qui l'a changée était une manifestation d'un pouvoir, je doute pouvoir faire quelque chose, mais quoi qu'il en soit, cela a totalement détruit les sortilèges de Persephone et Phaera ne semble plus exister. Je suis impressionné qu'elle ne soit pas réduite à l'état de légume après un tel choc. Fujiin a dit quelque chose ?

- Que ça sentait mauvais, il est parti méditer afin de rentrer en contact avec la lune, au moins il n'a pas menacé de l'enfermer cette fois.


Juste après les comtes, Shitennô et Kurasa Bachiatari venaient à leur tour de faire leur entrée, à dire vrai, c'était un spectacle autant surprenant qu'amusant. Le sage de l'ombre et le professeur d'ombre, ayant découverts leurs liens de parentés officiellement il y a quelques minutes, échangeant des idées à grande vitesse au lieu d'en vouloir au monde de ne pas avoir pu passer plus de temps ensemble. Ils marchaient en direction du bureau, sans même regarder l'assemblée, se fixant et faisant de grands gestes en élaborant telle ou telle théorie, jusqu'à remarquer qu'ils étaient arrivés en haut du bureau du directeur et tousser en même temps. Myrddin joignit ses mains et parla d'une voix relativement faible, voix qu'il n'avait plus eu depuis la création de l'Abysse.

- Donc si je comprends bien, aucun de vous n'a de réponse à m'apporter sur le mal dont souffre Ayla ?

Tous baissèrent la tête, visiblement honteux de ne pas pouvoir résoudre cette équation malgré leur immense savoir. Un sage, un spécialiste des vampires, le plus grand maître en arcanes vampiriques, le célestin le plus doué de son temps avec ses ressentis élémentaires et le plus grand mage de Rëvalïa étaient incapable d'apporter la moindre réponse. Myrddin dirigeait la plus grande institution de magie, mais il était incapable de faire quoi que ce soit, de comprendre, d'agir, de réfléchir, cette situation était un vrai cauchemars.

- Elle ne souffre d'aucun mal, elle a juste terminée son évolution.

Faisant à son tour son entrée, le sage des vents, maître du conseil des sages, membre du conseil des quatre et professeur d'artefact à ses heures perdues, Fujiin, arriva dans le calme le plus total, apportant finalement une réponse à toute cette agitation.

- Après le massacre perpétué par Drake, la lune a maudit son sang, afin de faire en sorte qu'il soit obligé de se contrôler dans tous les moments, pour qu'il n'attaque plus les humains sans raison. Victoria Morg a également été frappée par cette punition, ce qui l'a rendue hors d'elle pendant longtemps. Sauf que ce n'était qu'un état de rage, pas une transformation d'une telle ampleur. Voila pourquoi je devais m'assurer d'une chose que je craignais, c'est la raison pour laquelle je devais rentrer en contact avec la mère de toute chose.

Le sage fit une pause, visiblement épuisé par ce qu'il venait de faire, Myrddin lui fit apparaître une chaise, tandis que Shitennô lui apporta un verre d'eau. Les comtes ne prononcèrent mots, a peine choqués de voir le vrai visage du sage de l'air, une fois son masque retiré. Ils avaient peine à croire que l'ennemi des Morg, venait de forcer l'ordre des choses pour celle qu'il jugeait trop instable, qu'est ce qui avait bien pu le pousser à faire cela ? Habituellement, Fujiin méditait régulièrement, afin de recevoir les visions de la lune, cela n'allait que dans un seul sens, car il était dangereux pour un esprit, même aussi entraîné que celui de Fujiin, de briser les barrières des différents plans pour aller communiquer directement avec l'esprit de la lune. Pour obtenir des informations aussi détaillées, le sage avait dépassé le simple stade des visions, il avait visiblement réussi à communiquer réellement avec l'astre créateur, c'était à peine compréhensible, aucun esprit lunaire n'était capable d'un tel exploit. Il avait quitté son corps, brisés les murs du plan de Rëvalïa, pénétré dans le plan lunaire et avait finalement été absorbé par l'entité qu'était la lune, avant d'en ressortir, refaire le chemin inverse et le tout en quelques minutes. Cela dépassait l'entendement, le sage venait de défier quasiment tous les esprits présents sur Rëvalïa, même les dragons primordiaux seraient impressionnés par une telle performance. Le danger avait été titanesque, il aurait pu être détruit, pourtant, il venait de réaliser l'impossible, au péril de sa vie, pour une personne qu'il considérait comme monstrueuse.

- Notre mère a créé les vampires pour combattre ses ennemis, là où les autre espèces ne pouvaient qu'échouer. Comme toutes les espèces descendant des êtres, les vampires sont modulables à volonté, seulement, tous ne sont pas capable de survivre à un nouvel éveil.

- Que voulez vous dire ?

- C'est pourtant évident non ? La lune a modifié le sang maudit de Drake, afin qu'il rende les vampires capables de combattre des créatures comme Numen. Une nouvelle espèce de vampire en somme, sauf qu'elle ne voyait que la princesse pour survivre à cela et surtout vivre avec autant de sacrifices.

- Quels sacrifices ?

- C'est une règle immuable, même pour la mère de toute chose, toute amélioration possède un coût, l'échange équivalent, on ne peut pas créer à partir de rien. Ayla Morg a perdue une forme physique humainement acceptable pour la société actuelle, de plus, on lui a retiré tout droit de pouvoir avoir des arcanes vampiriques et réduit fortement son lien élémentaire, elle aura sans doute bien plus de mal que tous les autres étudiants à suivre ses cours. Son besoin de sang va également être augmenté, nous allons devoir trouver rapidement une parade, sans quoi elle deviendra incontrôlable. Tous ses pouvoirs seront liés à son sang, un sang capable de terrifier l'essence même de l'Abysse.

- En clair, la lune a détruit grand nombre de choses en elle, pour en faire une arme ?

- Vous êtes très loin du compte Myrddin...


Le sage ferma les yeux, hésitant à révéler la suite, ayant peur que la vérité puisse créer un choc encore plus dévastateur que sa transformation. Il fallut que tous insistent pour connaître la suite de ses révélations pour qu'il se décide enfin à aller jusqu'au bout, pour le meilleur et surtout le pire.

- Le sang de la princesse va la corrompre et la pervertir, elle sera forcée de se contrôler en permanence pour ne pas céder à toutes ses pulsions. Elle ne pourra jamais avoir une vie normale ou espérer vivre comme une humaine, je doute même que sa propre espèce l'accepte. Mais ce n'est que repousser l'échéance, elle devra de toute manière céder à sa nature et assouvir ses pulsions.

- Quelles sortes de pulsions ?

- Toutes sortes de pulsions.

- Donc, elle doit perdre la raison si je comprends bien et on ne peut rien y faire ?!

- Sa folie sera plus dévastatrice que tous les membres de sa famille réunis. La seule chose que nous pouvons faire est de tenter de la ramener à la raison après qu'une "crise" soit passée. Nous pouvons aussi tenter de la satisfaire, afin qu'elle en fasse le moins possible.

- Pourquoi j'ai l'impression que vous ne nous dites pas tout...

- En la transformant ainsi, la lune a fait en sorte qu'elle soit liée aux ténèbres et bien plus que n'importe quel vampire. Le soleil l'affectera donc d'avantage, je serais même surpris de ne pas la voir brûler vive au moindre contact. Bon, nous savons tous que cela ne la tuera pas, mais ses souffrances seront terribles. Mais ce n'est rien comparé à notre principal problème. Ses pouvoirs ne s'activeront qu'à Nandoriath, dans le cœur du palais des Morg. Une fois qu'elle aura été en contact avec "le cœur", elle devra y retourner régulièrement, sous peine d'être affaiblie au fil du temps. Cela ne fera que renforcer le pouvoir de son sang et donc son influence, elle en aura besoin, mais devra y séjourner le moins de temps possible. Si jamais elle devait succomber totalement à son sang...et bien je suppose que vous faire un dessin est inutile. J'imagine qu'elle fera cauchemars sur cauchemars, ayant pour but de la faire venir à Nandoriath, nous devons faire notre possible pour retarder l'échéance.

- Pourquoi si c'est inévitable ?

- Car elle doit avoir quelque chose qui puisse la faire revenir de ses crises, sans quoi elle sera juste une tueuse et ni vous, ni moi, ni la lune et surtout pas Ayla, ne désire une telle chose. Nous devons lui offrir la stabilité qui la fera revenir du chaos, il faut la préparer, sans compter que tant que Drake vivra, Nandoriath sera sous son commandement.

- Je suppose que cela pourrait être pire, au moins nous ne l'avons pas perdue.

- Vous l'avez perdue, Ayla Von Carline est morte.


Enrageant, Viktor bondit sur Fujiin, le plaquant contre le mur, posant ses griffes sur son cou. Il désirait plus que n'importe qui sa mort et entendre ces mots, savoir que sa fille ne pourrait jamais vivre autrement qu'en incarnation pure et simple du vampirisme, le rendait totalement hors de lui. Il arrêta son geste lorsqu'il sentit le contact froid d'une lame sous sa gorge, Shitennô venait de sortir sa canne épée et le regardait sans la moindre émotion, son arme pouvant le décapiter dans la seconde. Kurasa avait également sortit sa faux, qui était posée juste à l'emplacement de son cœur, une simple pression et le comte ne serait plus de ce monde. Les deux célestins savaient parfaitement comment le tuer et n'hésiteraient pas un seul instant si il ne relâchait pas le sage des vents dans les secondes qui allaient suivre. Combattre un des deux aurait été difficile, mais les deux en même temps...c'était du suicide. A regrets, il libéra le sage, retournant auprès d'Akumatsuki qui était partagé sur la situation, il ne savait guère si c'était une bonne chose ou au contraire une catastrophe. Toussotant, comme si l'acte de Viktor n'avait été qu'une "boutade", le comte à l'apparence d'enfant prit à son tour la parole.

- Si je puis me permettre, il faudrait éviter que cela se sache trop vite, je doute que les partisans du pacte soient aussi tolérants que nous, ils seraient sans doute prêts à déclencher une nouvelle guerre civile et même d'attaquer l'académie pour empêcher la princesse de régner. Je ne peux les blâmer, elle serait sans doute la moins fiable des dirigeantes, mais cela créerait des dommages collatéraux inutiles. Malgré mon gout pour le sang, je doute que tuer vampires, humains et garous soit très utile. Ils penseront sans doute qu'ils sont en mesure de tuer la princesse, mais ils ne feront que faire des victimes en son nom, alors qu'ils ne pourront lui faire la moindre égratignure. Les vampires ne sont pas très différents des humains à ce sujet, ils n'apprennent jamais de leurs erreurs.

Soupirant, le directeur confirma les dires du comte d'un mouvement de tête et se massa les tempes, la situation était délicate, beaucoup plus dangereuse que ce à quoi il s'attendait. Il pensait simplement que la vampire souffrait d'un mal ancien, d'une malédiction que l'on pouvait briser, d'une maladie que l'on pouvait soigner, pas que la lune joue les alchimistes avec la structure même de son être. Elle allait effrayer encore plus que d'habitude les autres élèves, souffrirait d'une solitude extrême, devrait accepter de n'être qu'une arme au service d'une divinité et sans doute perdre tous ceux qui avaient acceptés sa nature de jadis. Il avait beau être proche de la mère de toute chose, il ne supportait pas le fait qu'elle considère que certaines personnes n'étaient que des outils à son service.

- Vu la situation passée, il faudra de toute manière lui en parler, les secrets n'apporteront rien de bon. Comment allons nous faire pour tout lui dire ? Cela lui créera un choc, mais j'ignore si la subtilité aura l'effet escompté...

- Vous n'en aurez pas besoin.


Tous excepté Fujiin et Shitennô sursautèrent, cette voix venait tout droit d'un recoin sombre du bureau et malgré leurs pouvoirs, ils n'avaient pas ressenti la présence de cet invité surprise. Fixant l'obscurité, ils réussirent à discerner deux yeux rouges, Ayla était présente depuis le début et ils n'avaient même pas remarqué sa présence. S'avançant, la vampire avait légèrement changée, ses cheveux n'étaient plus rouges, mais violets, changeant totalement avec ce rose qui lui avaient souvent offert une apparence presque innocente. Viktor déglutit, rien qu'à voir ses yeux, il se sentait en danger, Fujiin avait raison, sa fille n'était plus. Akumatsuki se mit à genoux, étant lui, totalement envoûté par cette apparence, voyant en ce nouveau né, la perfection des enfants de la nuit. Shitennô se contenta de sourire, se préparant à détendre l'atmosphère, avant de se souvenir qu'elle ne buvait et ne mangeait qu'une seule et unique chose. Kurasa resta à la regarder sans rien dire, s'en voulant toujours pour son état, même si la lune était derrière tout cela. Quant à Myrddin, il se voulut le plus chaleureux possible, c'était la moindre des choses après tout. Fujiin se leva et salua l'assemblée, passant devant Ayla sans rien dire, il préférait ne pas envenimer les choses vu son manque de contrôle.

- Depuis quand êtes vous là ?

- Quand les célestins sont entrés, vous n'aviez pas fermé la porte, je me suis assise et j'ai écouté, cela m'avait l'air... intéressant.

- Et pourquoi vous êtes vous levée subitement ?

- J'avais faim et c'est encore le cas.


La vampire les regarda dans un sourire, originellement rassurant, mais qui se transforma rapidement en un autre beaucoup plus carnassier, voir même carrément malsain. Le directeur grimaça, il préférait ne pas savoir si Ayla était venue le voir pour demander un verre de sang ou pour simplement venir se servir à la source. Elle n'était pas assez puissante pour lui faire du mal, mais elle était suffisamment rapide pour lui dérober une quantité non négligeable de fluide vital. Souriant, le comte Hakairyoku avança sa main vers sa chemise, avant d'être plaqué immédiatement contre un mur, les canines de la vampire s'enfonçant déjà dans sa chair. Elle avait compris son intention à l'instant même et s'était jetée sur lui, n'ayant pas hésité un seul instant, alors que par le passé elle aurait même refusé de faire du mal à un de ses proches. Ayla n'avait vraiment plus rien d'humain, elle était une vampire complète, prenant ce qu'elle désirait sans la moindre hésitation, il fallait vraiment trouver une parade avant qu'elle ne blesse un camarade, Myrddin hésitait même à la faire reprendre les cours dans l'immédiat. Après cinq bonnes minutes, la vampire retira ses crocs, avant de lécher la plaie avec envie, puis retourna auprès des autres, comme si rien ne s'était passé. Akumatsuki, lui, remit ses habits en place et revint en faisant craquer sa nuque, l'expérience avait été intense, mais il ne devait pas l'encourager a tant de violence, sans quoi elle finirait par tuer quelqu'un, voir même un certain nombre.

- Comment vous sentez vous Ayla ?

- Mieux que jamais, je me sens vivre, même si j'imagine qu'après avoir été brûlée, avoir entendu "monstre" une dizaine de fois et voir tout le monde me tourner le dos, je vais vite déchanter. Ce "léger" changement n'était pas discret, l'académie doit être au courant, qu'est ce que vous avez inventé pour le dissimuler ?

- Que vous aviez eu un malaise en tombant sur l'entrainement entre Thaxyl et Mephiles. Un simple accident et qu'il fallait vous reposer, naturellement, un certain élève de l'ombre s'est posé des questions. Je pense que depuis le labyrinthe, il remet en doute tout ce qui lui semble suspect.

- Lucien ? Vraiment ? Et bien faites le venir tout à l'heure, je dois le mettre au courant.

- Je doute que ce soit...

- Faites... le... venir... Je dois vous l'écrire ?! Je ne demande pas grand chose pourtant ! De plus, après tout cela,  vous me le devez bien, directeur.

- Qu'est ce que vous avez en tête ?

- Je préfère savoir si ce charmant rossignol me trouve hideuse, monstrueuse ou s'il me veut toujours. C'est curieux, je ne sens plus cette hésitation quant à révéler mes sentiments et envies, cette nouvelle nature n'a pas que du mauvais finalement.

- Après toutes ces informations, vous voulez juste savoir si vous avez vos chances avec lui ? Sachant qu'il pourrait avoir peur que vous preniez sa vie dans un accès de folie ?

- A chacun ses priorités.


Soupirant encore une fois, le directeur essuya discrètement les gouttes de sueur froide qui venaient de faire leur apparition. Il avait à peine contredit la vampire que cette dernière s'était énervée et avait désirée sa mort. Elle était instable, beaucoup trop instable, pourtant il ne pouvait pas refuser sa demande. Fujiin avait parlé de stabilité et il ne voyait personne d'autre que Lucien d'Elenor pour lui offrir ce précieux cadeau. Le problème, c'est qu'il pouvait autant lui permettre d'avoie une bouée de sauvetage, que l'enfoncer encore plus profondément dans les abîmes, après tout, rien ne disait qu'il apprécierait cette nouvelle Ayla. Il congédia tout le monde, s'assura que la vampire reste bel et bien dans ses quartiers, puis écrivit un mot au jeune noble, qui s'envolerait jusqu'à trouver son destinataire.

Lucien,

Je vous permet de voir Ayla, suite à une demande de sa part. Cet accident l'a relativement affectée et elle pourrait ne plus être la même. Elle semble vouloir vous confier toute la vérité à son sujet. Vous pourrez la voir dans une heure, montez dans mes quartiers, le professeur Bachiatari sera juste derrière sa porte. Simple mesure de précaution, ne vous en faites pas.

Myrddin

Lorsque l'heure arriva, l'élève de l'ombre vit son professeur lui faire un signe pour lui indiquer l'endroit exact, les appartements du directeur étant relativement grands. Souriant d'un air rassurant, le professeur d'ombre posa doucement sa main sur son épaule, avant de le laisser rentrer. Une fois rentré, Lucien se retrouva dans une certaine obscurité, jusqu'à ce que la vampire allume quelques bougies, étant à peu près la seule lumière qu'elle pouvait supporter actuellement, le soleil ne s'étant pas encore couché. Jouant avec une de ses mèches violette, elle observa le jeune garou dans un sourire amusé. Elle guetta la moindre réaction pouvant provenir du rossignol, elle avait beaucoup à lui dire, mais avant cela elle voulait une seule et unique chose, savoir s'il allait la repousser ou non.

- Bonjour Lucien.

Elle se posa sur son lit et tapota la place juste à côté d'elle, ayant toujours ce même sourire, visiblement ravie d'être autant analysée par l'élève de l'ombre. C'était même assez comique dans l'ensemble, elle allait devenir l'incarnation des ténèbres alors qu'elle était élève de l'esprit et lui semblait si lumineux alors qu'il étudiait l'ombre.

- Vous venez ? A moins que vous ne préfériez  partir ? Mon apparence vous dérange au point de ne plus pouvoir bouger ?
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MessageSujet: Re: La mort d'une comtesse   La mort d'une comtesse Icon_minitimeMer 25 Fév - 18:10

Ayla, lorsque Lucien l'avait vue pour la première fois, était une de ces splendides beautés que l'on ne trouve que dans les peintures de maître, une matérialisation artistique engendrée par le sens esthétique que possédait le cosmos. Il l'avait observée de loin quelques temps, et avait rapidement compris qu'elle avait eu une éducation similaire à la sienne en raison de leur milieu d'origine ; en elle, il pouvait espérer trouver un esprit fin, qui avait appris à raisonner sur des sujets abstraits, et il pourrait échapper aux basses préoccupations qu'avaient manifestés certains de ses camarades de tablée.
Comme la qualité de la nourriture, qui bien qu'étonnamment excellente, n'avait certes pas grand intérêt passés les premiers compliments.
Mais encore une fois, les formes étaient ce qu'il avait recherché ; passe encore que l'on parle d'exquis plats, cette discussion était habituelle, mais il fallait pour le moins le faire avec élégance, et Lucien avait bien compris qu'il aurait du mal à retrouver ici ces conversations raffinées qui ne mènent nulle part, tant elles sont engorgées de tournures subtiles qui visent plus à faire montre de son esprit qu'à s'occuper de gastronomie.
   L'on peut se demander ce qu'il aurait dit s'il avait su que cette fille, avec qui il pensait pouvoir faire de telles conversations aurait le rapport qu'elle a avec la nourriture, cette soif de sang insatiable qui était trop souvent contrariée et l'entraînerait bien des fois dans des frénésies qu'il devrait contrôler.

Le coup de foudre qu'il avait ressenti avait été alimenté par le charme inhérent aux Morg alors même qu'il était caché par l'identité Von Carline. Et lui-même ne pouvait l'expliquer, comme il s'en était rendu compte en voulant en parler avec son pouvoir. Et certes, comment expliquer un coup de foudre ? Ses pensées avaient bien des fois été tournées vers Ayla, ce qui compensait à ses yeux leurs interactions limitées ; les symptômes de l'Amour étaient néanmoins présents, s'ils étaient aberrants pour un observateur extérieur ; son esprit-même, exploré afin d'y trouver la source de sa magie, avait révélé une section qu'il avait consacré à son amour.
Lucien avait toujours vu ce que sa douce faisait comme une bonne chose, ne se rendant pas compte de ses travers ; sans s'en rendre compte, son comportement tenait plus de l’idolâtrie que de l'amour, et il était biaisé.

Récemment, sa vision avait changé ; lors du labyrinthe, sa bien-aimée l'avait attaquée, et Lucien avait compris avec un certain retard qu'Ayla était une vampire. Cela peut sembler ridicule, mais il avait perçu les vampires comme des êtres immaculés et peints en monstres, qui se nourrissaient certes de sang, mais tout autant que les humains se nourrissaient de viande. Des aristocrates à la dentition particulière, en somme.
Il avait compris qu'avec le vampirisme venaient des instincts sauvages, une volonté de tuer pour se nourrir ; la lecture des Enfants de la Nuit avait pu être réunie avec l'image qu'il avait de sa bien-aimée, et il avait lutté pour pour pouvoir permettre une cohabitation. Et seuls des faits lui permirent d'arriver à un tel tour de force.
Quand la raison est incapable de comprendre, l'on fait confiance aux sensations.


L'on disait d'Ayla qu'elle avait eu un accident lors d'un affrontement entre Mephiles et Thaxyl. Lui n'y croyait naturellement pas ; il l'avait vu encaisser les assauts de l'Abysse, et perdre la tête contre Raksha. Il avait entendu qu'elle avait bu une fiole d'acide corrosif et y avait survécu.
Alors, Lucien faisait des recherches, ses outils de crochetage dans la poche, là où n'étaient ni sa langue, ni ses oreilles. Il posait des questions, passait du temps en forme de rossignol afin d'écouter des rumeurs, et cherchait en vain, car il devait lui parler. S'expliquer avec elle, et comprendre.
Il avait beaucoup réfléchi, et commençait à le faire ; mais il ressentait le besoin d'être auprès d'elle pour pouvoir mener à bien ce travail, et cela quand bien même il se savait moins vif en sa présence, plus préoccupé à faire bonne impression et à goûter la proximité qu'à faire de complexes équations sur ses sentiments.

Le professeur Myalens était naturellement inaccessible, depuis que l'on avait trouvé cette fille dans les sous-sols dont il prenait soin sans cesse. Et cela le faisait douter une fois encore de la véracité de l'histoire qu'on leur avait concoctée. Mais le comte d'Elenor ne trouvait rien, et faillit abandonner devant la persévérance des autorités à cacher toute trace de ce qui était advenu.
Ainsi, épuisé par sa quête, il était allé vers son lit, dans la tour de l'Ombre afin de se reposer, quand son trajet fut interrompu par un singulier message qui se mouvait de lui-même.


Lucien,

Je vous permet de voir Ayla, suite à une demande de sa part. Cet accident l'a relativement affectée et elle pourrait ne plus être la même. Elle semble vouloir vous confier toute la vérité à son sujet. Vous pourrez la voir dans une heure, montez dans mes quartiers, le professeur Bachiatari sera juste derrière sa porte. Simple mesure de précaution, ne vous en faites pas.

Myrddin

Suite à cette lecture, l'amoureux retrouva un sursaut d'énergie qui fut néanmoins mis à mal par les sinistres nouvelles que portait le contenu. Savoir qu'il devrait attendre une heure l'énervait, mais il décida d'en tirer profit ; aller jusqu'à l'espace élémentaire de l'eau, s'y infiltrer un instant au passage d'un élève et prendre un bain, puis retourner s'habiller et se préparer lui permettraient de passer le temps et d'effacer les séquelles de sa recherche acharnée. En retournant dans son dortoir, il en profita pour prendre le livre qu'avait écrit le comte Viktor, au cas où il se révélerait utile au cours de la discussion.

Finalement, Lucien arriva en avance, et attendit devant une porte, la regardant avec une certaine anxiété et lisant et relisant de temps à autre les quelques lignes que lui avait envoyées Myrddin jusqu'à imprimer sur sa rétine les courbes des lettres. Puis, avec un lourd soupir il tourna la tête pour regarder son professeur Célestin, celui-là même qui avait eu l'indiscrétion de fouiller dans sa tête et avait par là découvert son amour. Comment pouvait-on donc permettre que les professeurs explorent l'esprit de leurs élèves ?
Ce souvenir fit de nouveau souffler Lucien, marquant bien par là son inquiétude, car il était vrai qu'en temps normal, jamais le noble bien élevé ne se serait laissé allé à de telles manifestations de mécontentement.


L'heure vint enfin.
Le Célestin se décida enfin à lui montrer la voie à travers ces immenses appartements qui contenaient Ayla. En d'autres circonstances, Lucien eût profité de l'occasion pour cartographier les environs et chercher des secrets plaisants à posséder, mais il n'avait pas la tête à cela pour le moment. Seule existait à ses yeux la direction pointée par monsieur Bachiatari.
La porte était plus lourde que son apparence le laissait présager, et les ténèbres inattendues ; de ce fait, Lucien se mit à croire un instant qu'il s'était trompé de pièce et était tombé dans une sorte de réserve, jusqu'à ce qu'une lumière s’allumât.
Alors seulement, le jeune homme vit les cheveux violets et les yeux rouge sang car l'éclairage, bien qu'assez mauvais, ne pouvait tromper sur leur véritable couleur.
Lucien hésita, ne comprenant pas ce qui était arrivé à son amour, ni pourquoi elle avait décidé de s'ôter aux regards du jour. Il plissa les yeux dans l'espoir de discerner quelque chose de plus, et ne sut que dire. Ses projets de discussion venaient d'être ébranlés tout d'un coup. S'agissait-il seulement d'elle ?

- Bonjour Lucien.

Le doute ne fut plus permis. Toutes les nuances qu'il avait connues étaient présentes, si lointaines et masquées par un ton nouveau.
Les bougies ne produisaient pas une lumière suffisante, et leurs fluctuations ne permettaient jamais de voir entièrement Ayla. Ces zones d'ombres ajoutaient une teinte angoissante à l'atmosphère qu'avaient eu l'intelligence de préparer les dirigeants. C'était à croire qu'ils avaient tout préparé pour qu'il fuit en courant.

Un instant, l'apprenti mage douta ; il avait déjà vu en deux occasion une Ayla transformée, mais ses cheveux étaient alors rouges et ses yeux verts. Il avait pu expérimenter lui-même un phénomène proche de la possession, et n'ignorait pas que cela pouvait arriver.
Se pouvait-il qu'Ayla ne fusse pas Ayla, mais une entité la contrôlant ?

- Vous venez ? A moins que vous ne préfériez partir ? Mon apparence vous dérange au point de ne plus pouvoir bouger ?

Lucien respira, et s'avança jusqu'à la vampire qu'il avait en face de lui avant de s'asseoir.
Il savait n'être plus devant la même personne qu'auparavant, mais ne partirait pas avant de savoir ce qui s'était passé, ni avant d'avoir pu avouer ses sentiments.

- J'essayais de déterminer si vous étiez bien Ayla. Ne vous en faites pas, je ne vais pas partir, pas avant d'en avoir entendu plus.
En disant ces mots, il se rendit compte d'une méfiance insoupçonnée, et se força à se détendre.

- Nous avons beaucoup à nous dire, Ayla. Sachez que je suis ravi que vous n'ayez pas subi de dégâts au cours de ce "combat" entre Thaxyl et Mephiles, comme je m'en doutais.
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MessageSujet: Re: La mort d'une comtesse   La mort d'une comtesse Icon_minitimeMer 11 Mar - 19:33

Finalement, les désirs de la vampire se réalisèrent et le jeune homme aux cheveux d'or vint enfin se poser à côté d'elle. Elle avait toujours maintenue une certaine distance, répondant à ses tentatives de charmes, mais par crainte de sa propre nature, l'avait toujours éloigné d'elle, dans une certaine mesure. Le seul moment où ils avaient enfin pu se rapprocher, se toucher, avait été dans le labyrinthe, lors du festival de la réconciliation. Le mêler à ses histoires était hors de question à ce moment précis et lorsqu'elle avait enfin pu sentir le contact de sa peau, il avait fallu que ce soit pour le pousser, l'effrayer un maximum et elle l'avait même blessé. Ayla était désormais incapable d'éprouver le moindre regret pour ses actions ou une hésitation, mais la colère grondait pour ce jour là, une haine encore plus grande que lorsqu'elle avait tout découvert sur sa mère. Rapidement, la haine se transforma en blessure, fermant les yeux, repassant ce qu'elle avait osée faire sur Lucien, se voyant hors de son corps, spectatrice de sa propre vie. Qui était donc cette garce aux cheveux roses qui osait faire du mal au rossignol ? C'était elle, la vampire ne s'assumant pas, n'acceptant pas sa vraie nature malgré la pureté coulant dans ses veines. Elle se surprit elle même devant son envie de meurtre, en se voyant blesser Lucien, elle était devenue un court instant totalement folle, bien que ce ne soit qu'une pulsion passagère que le garou ne remarquerait sans doute pas. Ouvrant les yeux, elle pensa un instant que le noble n'était qu'une faiblesse, sachant que si elle réagissait ainsi, elle serait à la merci de tous ceux qui voudraient l'utiliser. Ils n'avaient qu'à menacer Lucien et elle ne serait plus qu'une marionnette. Même son propre père adoptif, qui, malgré ses mensonges, restait l'une des personnes les plus aimées de la vampire, aurait pu être tué pour avoir ne serait ce que tenter lui faire le moindre tort. Respirant, elle se rappela son deuxième contact, lorsqu'elle avait été plongée dans cet infâme liquide et que le comte l'avait libérée, malgré les souffrances occasionnées par cette horreur. Numen Silrul, en plus d'avoir tuée Redd et provoqué la fin de sa mère, il avait fallu qu'elle le blesse aussi ? Elle la traquerait, où qu'elle aille, quitte à rentrer dans l'Abysse, pour lui faire payer au centuple ce qu'elle avait osée faire. La tuer ? Non, beaucoup trop simple, elle prendrait son temps, savourerait chaque instant et ne boirait pas une seule goutte de son sang, ce serait trop d'honneur. Ouvrant les yeux, elle se rendit compte que Lucien continuait de la regarder, perplexe devant ce long silence, elle avait du mal avec des émotions aussi violentes.

Elle se souvint alors finalement de la réponse à sa question, celui qu'elle aimait avait douté que ce soit elle sur le moment au vu de son apparence, mais ne semblait pas spécialement vouloir la rejeter. Elle sourit tendrement, une émotion qu'elle pensait presque disparue au vu de la situation et approcha doucement sa main de la manche du garou, qu'elle retira très doucement, laissant sa peau à l'air libre.  Tremblant légèrement, elle caressa du bout des doigts, le bras nu du comte, visiblement surprise de n'avoir aucune autre envie sur le moment que de pouvoir enfin le toucher sans la moindre catastrophe la suivant. Elle sentait battre son cœur, entendait son sang circuler, pouvait même clairement voir l'emplacement de toutes ces petites routes faisant se mouvoir son fluide vital. En général, un vampire voyant ça aurait eu envie de boire le sang de sa future victime, mais ce n'était pas le cas ici, du moins pas comme ça. Certes, Ayla désirait plus que tout boire son sang, elle fantasmait même de pouvoir planter ses crocs dans sa gorge et de voir ses réactions, sentant la vie de son rossignol se lier à la sienne, leurs âmes s'unissant sans avoir besoin de le tuer. Ce n'était pas une pulsion, pas un besoin de faim, boire son sang représentait une chose beaucoup plus importante à ses yeux que de traquer Numen ou même se venger. La vampire ne désirait pas non plus que ça s’arrête là, elle voulait aussi que lui le boive, découvre le plaisir que son sang lui offrirait, sachant bien qu'au vu de sa nouvelle nature, Lucien découvrirait les sens d'un vampire, provisoirement, si jamais sa langue venait à se colorer du sang d'Ayla Morg. Il pourrait alors la comprendre, voir ce qu'elle ressentait, découvrir des plaisirs qu'il n'imaginait pas. Les humains voyaient les vampires comme de simples monstres, ils ne comprenaient pas ce que le sang et la morsure représentait. La morsure de la plupart des vampires dépassait de loin le plaisir rencontré lors d'un acte sexuel, plus le vampire était "pur", plus le plaisir était important. Ayla voulait lui faire découvrir ce plaisir, en plus de pouvoir sentir la vie de celui qu'elle aimait. Offrir son sang était aussi beaucoup plus important que ce que les humains pensaient, cela signifiait offrir son âme, le plus beau gage d'amour et de confiance qu'un enfant de la nuit puisse faire. Concernant Ayla, cela dépassait le symbolique, si elle offrait son sang à Lucien, non pas pour le soigner ou le tester, mais par amour, elle lierait son âme à la sienne, créant un véritable lien vital. Mephiles lui en avait parlé en apprenant son envie de tout révéler au garou. Agissant ainsi, elle pourrait bien devenir mortelle, si elle offrait son âme, les blessures du comte seraient également ressenties par la princesse et si elle venait à mourir, il était fort possible qu'elle succombe également, peu importe ses facultés de régénération. Qu'importe, elle se fichait bien de vivre éternellement, à quoi cela pouvait bien servir si c'était pour être seule. Elle ne boirait pas son sang sans son autorisation et ne le forcerait pas, de plus, elle devait faire attention avec le laps de temps séparant ces deux choses, si elle ne voulait pas transformer Lucien en vampire. L'idée n'était pas déplaisante, cela permettrait de cracher au visage de toutes ces règles traditionnelles et même de pouvoir imaginer partager totalement sa vie un jour...Mais même si elle le désirait, elle ne le ferait pas, c'était un choix qu'il prendrait peut être un jour ou alors jamais, mais ce serait avant tout son choix. Dans un autre temps, même si il ne faisait jamais ce choix, rien ne l'empêchait de partager sa vie, il ne pouvait juste pas prétendre au trône. Bien entendu, des vampires tenteraient de critiquer, voir de le tuer, mais elle n'hésiterait pas à tous les massacrer, pas à un seul moment.

Elle cessa d'effleurer sa peau en se souvenant de son autre réponse, souriant d'un air mauvais et ricanant devant sa remarque.

- Mephiles ? Thaxyl ? Me blesser ? Effectivement, c'est impossible. Malgré leur nature, leur lien avec la lune, leur expérience, ils ne pourront jamais plus faire quoi que ce soit contre moi...a part me mettre au soleil certes, mais cela démontrerait un cruel manque d'imagination. Il y a éventuellement le Phénix qui pourrait me faire la peau, mais la vérité est que pour me détruire, ils devraient faire appel aux membres de ma famille et je suis bien plus dangereuse qu'eux. Ils ne sont rien comparé à ce que je peux devenir. Non, il n'y a eu aucun accident, Myrddin, Mephiles, Thaxyl et un certain Shisui, ont voulu "m'aider" à calmer ma haine. J'ai découvert que ces charmants sages sont responsables de la destruction de ma famille et j'étais un peu...remontée. La lune a trouvée que le moment était opportun pour finir ses projets pour les vampires et faire de moi un être capable d'affronter l'Abysse. Je suppose que la férocité et le côté aristocrate ont été développés au vu de ma réaction. Je ne ressens plus la peur, le regret ou encore la moindre hésitation, c'est pourquoi vous êtes là Lucien, je ne veux plus mentir, vous cacher ce qui me concerne, vous tenir à l'écart...vous blesser pour que d'autres ne fassent pas pire. Mais surtout, je ne veux plus me sacrifier, souffrir par crainte de ce que vous découvrirez et je ne veux plus retenir mes sentiments, même si certains les considéreront comme contre nature.

Lentement, elle passa sa main sur la joue du garou et rapprocha son visage, ses lèvres franchirent peu à peu la distance qui les séparaient de celles de son aimé, aucun refus, aucune peur sur son visage, les barrières étaient levés. Fermant les yeux, profitant de cet instant qu'elle désirait depuis qu'elle avait été charmée par ce noble rossignol, Ayla offrit à Lucien un baiser qu'il n'était pas prêt d'oublier. Alors que tout le monde ne le voyait ou ne la verrait que comme une machine à tuer, elle faisait preuve en cet instant d'une tendresse et d'une douceur dont elle ne soupçonnait même pas l'existence. Elle qui était devenue une arme, la vampire parfaite, un véritable monstre, n'avait jamais été plus humaine, plus vivante qu'à cet instant précis. Sa transformation lui avait rendu ses souvenirs, elle se rappelait d'absolument tout. Les moments avec sa mère, son éducation avec les différents comtes, ses rencontres, ses premiers meurtres, la première fois qu'elle avait bu à la gorge même d'un humain, son premier combat, l'excitation de traquer une proie en attaquant son professeur dans les cours de combat, tout était parfaitement inscrit dans son esprit. Toutes ces expériences n'arrivaient pas à la cheville de ce qu'elle ressentait. Son autre main rejoignit le corps du jeune homme en se perdant dans ses cheveux d'or, tandis que le baiser s'intensifiait. Ce moment tendre ne dura cependant pas, les désirs et les pulsions de la vampire étant encore forts, peu contrôlable et l'objet de toutes ses convoitises se trouvait dans ses mains, ce qui n'aidait pas à la calmer. Elle le désirait, son amour, son sang, son corps, même son âme était pour elle irrésistible, mais elle ne voulait pas le dévorer ou aller trop vite, pourtant la violence ne pouvait être évitée. Bien que faisant preuve d'une infinie douceur, sinon elle lui aurait clairement arraché la tête, elle passa de simples caresses à un léger tirage de cheveux, tandis que son baiser devenait plus langoureux, plus passionné. Les vampires provoquaient le désir, elle ne faisait pas spécialement exception à la règle et ses lèvres n'avaient clairement rien d'innocent. La nouvelle nature d'Ayla se mélangeant à ses désirs, Lucien fut très rapidement plongé dans le surnaturel, les ombres de la pièce se déplacèrent, entourant les deux êtres, comme des bras les enlaçant. Étrangement, cela ne fit pas le moindre mal au garou, ni ne l'effraya, Naturellement, il sentit leur présence, mais il ne vit pas en ces formes étranges, des ennemis. Elle était la future reine de la nuit, lui un fils de l'ombre, la nécromancie coulant naturellement dans ses veines, ils ne pouvaient craindre les ténèbres. Qu'ils le veuillent ou non, ce destin était inévitable, ils vivraient dans l'ombre, que ce soit en tant que probable couple royal, nécromancien et incarnation de l'obscurité ou tout autre orientation probable et envisageable. Finalement, lui mordant très légèrement la lèvre, sans utiliser ses canines, elle se déplaça en tremblant vers son cou, ouvrant doucement sa bouche dans un souffle, près à enfoncer ses crocs dans la chair de celui qu'elle désirait tant. L'importance qu'avait Lucien à ses yeux était parfaitement représenté à cet instant, au moment même où elle pouvait assouvir ses pulsions, elle ne voyait pas le comte en tant que proie, mais bien un être étant son égal. Elle s'arrêta, ouvrant les yeux, elle le voulait, au point d'en trembler, pas par soif, mais pour ce que cela représentait. Il y avait aussi de la curiosité, Viktor disait toujours que seul le sang de l'être aimé avait une puissance si phénoménale, que même en étant affamé depuis des siècles, une simple goutte suffisait pour contenter le plus glouton des vampires. Une légende, mais elle voulait savoir si il y avait du vrai. Ce sang l'appelait, pourtant, alors qu'elle était incapable d'hésiter, Ayla refusa de céder et finit par sourire, collant délicatement ses lèvres sur le cou qu'elle avait voulu mordre, autant en guise d'excuse que par envie de se montrer tendre avec lui et non se comporter en créature bestiale.

Les ténèbres reculèrent, cessant de les entourer et Lucien fut témoin d'une étrange scène. Le noir des yeux de la vampire sembla comme disparaître, le rouge sang fit également de même, laissant place à un violet beaucoup plus foncé. Un bref instant, ses yeux donnèrent l'impression d'être semblable à des "pierres précieuses", ses cheveux quittant leur coloration un peu plus blanche pour devenir à leur tour de cette couleur. Le rose l'avait quittée, mais cette couleur était tout aussi magnifique, elle semblait presque humaine, si on exceptait sa couleur de peau relativement pâle. Souriant doucement, surprise de se sentir aussi bien, elle posa à nouveau sa main sur sa joue.

- Pour un vampire, offrir son sang est le cadeau le plus beau qui soit, cela signifie confier son âme à l'être aimé. Je ne parle pas d’assouvir sa soif ou encore de le faire par pulsion soudaine ou pour soigner des blessures...mais bien de l'offrir, juste en cadeau. Je ne veux pas le prendre, il n'est pas à moi, peut être qu'un jour j'en serais digne...

Ayla fit une pause, prenant la main du jeune homme dans un sourire, elle voulait lui faire comprendre la nature des vampires, lui montrer ce qu'elle ressentait, ce qu'elle pouvait ressentir. Elle savait que Lucien avait volé un livre, ouvrage écrit par son père adoptif, mais il ne disait pas tout et quelque chose lui disait que si ces mots sortaient de sa bouche, Lucien les prendraient plus au sérieux qu'en les lisant.

- Je tiens à être honnête avec vous, j'aimerai être auprès de vous Lucien, c'est mon vœu le plus cher, mais je sais que cela ne fonctionnera jamais si vous ne m'acceptez pas comme je suis et pour cela...vous devez me connaître. Ce changement fait par la lune, il me fait voir les choses d'une autre façon. Les élèves, les professeurs, même le directeur, je ne vois en eux que des proies. Naturellement, je les apprécie, mais mes instincts les désignent en tant que potentiel source de nourriture. Ce n'est pas votre cas. Je désire votre sang oui, plus que n'importe quelle autre personne, mais pas car j'en ai besoin ou que je suis affamé...car c'est simplement votre sang. Le boire serait comme avoir une partie de vous m'accompagnant à jamais, en permanence, pouvoir sentir votre âme contre la mienne, votre vie ne me quittant jamais plus. Sans compter que je ne suis plus une enfant, j'ai des désirs plus...physiques dirons nous et en attendant de pouvoir les combler le moment venu, j'aimerai vous faire découvrir un plaisir unique en son genre, le baiser vampirique. Jamais vous ne pourrez découvrir une sensation plus merveilleuse, plus excitante ou même enivrante. Viktor n'a pas tout dit dans son livre, la morsure provoque en effet cet effet, mais tout est bien plus puissant lorsque c'est fait par amour ou par désir, voir les deux. J'aimerai tant vous faire comprendre ma nature, vous la faire découvrir, sans pour autant vous faire quitter la vôtre. Pour cela le meilleur moyen serait de vous offrir mon sang, mais cela représente quelque chose de bien plus important pour moi que si je devais répondre à une demande en mariage. Si jamais vous buviez mon sang dans ces conditions, vous partagerez mes sens, mes goûts, vous penseriez comme un vampire, temporairement. Seulement, en faisant ceci, vous accepteriez ma plus belle preuve d'amour Lucien...je vous offrirai réellement mon âme, je lierai nos deux êtres. Vous seriez capable de me tuer, malgré ma régénération, je pourrais ressentir la moindre de vos douleurs et émotions négatives et réciproquement. Cela marche aussi pour les bonnes choses, toutes sensations, émotions ou conséquences positives, seraient partagées entre nous. Un union parfaite de nos êtres, au point où votre mort entraînerait irrémédiablement la mienne. Vous seriez mon point faible, par amour pour vous, je pourrais bien perdre un peu de mon immortalité, mais si tel est votre souhait, je le ferais avec grand plaisir. Si un jour nous devions échanger nos sangs, il vaudrait mieux le faire en différé, je ne tiens pas à vous transformer en vampire par accident. Ce serait mentir de vous dire que je n'espère pas qu'un jour vous me demandiez de faire de vous un être de la nuit, siégeant à mes côtés pour l'éternité, mais cela doit être votre choix et de toute manière, il est bien trop tôt pour y songer. Désolé si je vous parle de tout cela aussi rapidement, je ne veux en aucun cas vous pousser à faire quoi que ce soit, je veux juste que vous connaissiez mes désirs, nullement vous pousser à les combler.

Ses yeux et ses cheveux reprirent peu à peu leur couleur habituelle, maintenant qu'elle avait pu exprimer clairement ce qu'elle ressentait, il était temps de parler de choses un peu plus sombres. Visiblement, son apparence changeait, lui donnait une certaine humanité ou au contraire un aspect beaucoup plus terrifiant, en fonction de son état émotionnel. Lucien semblait être la clé de sa stabilité, peut être même qu'il serait le seul être dans ce monde capable de l'arrêter en cas de crise de folie. Fermant les yeux, Ayla repensa à sa mère, une larme de sang coulant le long de sa peau blanche, il était temps de tout révéler...

- Je porte le nom de Von Carline, mais ce n'est que le nom de ma famille adoptive, je suis née en tant qu'Ayla Morg, fille de Drake et Persephone Morg, roi et reine de Nandoriath et donc des vampires. Je suis leur héritière et ma simple existence suffirait à déclencher une guerre civile entre les royalistes et les partisans du pacte. Mon père était persuadé que les humains étaient menaçant, voyant en eux des monstres beaucoup plus violents que ce qu'il était dans ses moments de folie. Il pensait que seule la peur les maintiendraient à distance de son peuple et a donc massacré le célèbre village de Ventregris. Les sages ont répliqués et mon père a été enfermé dans une prison située entre différents plans d'existence. Ils auraient pu repartir de zéro, ma mère était plus diplomate que guerrière après tout, mais Fujiin a vu cela d'un autre œil et a désiré tous nous enfermer. Ma sœur a été capturée, emprisonnée dans un cercueil et oubliée dans un des "fameux" temples des éléments, tandis que ma mère a été forcée de fuir. Naturellement, au vu de ses capacités, elle aurait pu leur faire face, mais elle ne désirait pas provoquer une guerre entre nos espèces. Elle a tentée une approche plus subtile, en désirant prendre la première académie en otage, puis les libérer, afin de montrer aux humains et aux sages ce dont elle était capable, tout en évitant les bains de sang. L'Abysse a fait son apparition ce jour là et ma mère a bien failli ne pas y survivre, pourtant elle a réussit à sortir de l'attraction de l'Abysse et est retournée chez elle, temporairement. Je n'étais qu'une enfant à l'époque, incapable de comprendre ce qui se produisait. Elle a sacrifiée tout ce qu'elle avait pour dissimuler ma vraie nature en effaçant ma mémoire. Pendant un siècle, j'ai été élevée par les royalistes et leurs vassaux, changeant sans cesse de personnalité, de nom, de parents, de style de vie. En arrivant ici, j'ai découvert que quelque chose n'allait pas, que je n'étais pas une vampire ordinaire, même pour une sang pur. Il fut facile de comprendre que j'étais au sein d'une sorte de conspiration très complexe et menée par les royalistes. C'est pour cela que j'ai voulu vous éloigner de moi, car ils auraient tout fait pour vous éliminer si jamais ils comprenaient notre lien. Mon action a eu l'effet inverse et je vous ai blessée pour rien...Le comte Kuran a désiré vous tuer, envoyant des assassins pour vous éliminer, je l'ai tué. Je le referais sans hésiter, je ne laisserai jamais personne attenter à votre vie. J'ai revu ma mère peu après le labyrinthe, après qu'elle ait pris possession de mon corps, elle m'a tout expliqué, puis s'est finalement éteinte. Elle...elle ne méritait pas ça ! Encore aujourd'hui, je deviens folle en y repensant, voir que la cause de sa mort se promène tranquillement dans les couloirs et que tout le monde le considère comme un sage et un sauveur. Le doute a réveillé une malédiction, un maléfice que la lune avait jeté au sang de mon père pour le forcer à se contrôler, vous l'avez vu de vos propres yeux lors du labyrinthe. Ce sang m'appelait et la lune a profité de cette faiblesse pour me modeler, faire de moi la vampire parfaite selon les dires de Fujiin...

Elle fit une pause, le moment critique allait arriver, maintenant qu'elle pouvait enfin lui témoigner son amour, sa nouvelle nature pouvait bien lui priver de ce qu'elle désirait tant. La lune avait retiré sa peur, pourtant elle ne voulait pas le voir partir, peut être que ses émotions étaient plus fortes que la volonté d'une divinité après tout.

- Elle a retiré la peur, l'hésitation et surtout la pitié. Mes instincts ont été poussés à l’extrême et ma faim est... beaucoup plus insatiable. Je suis devenu une symbiose parfaite entre la bestialité des vampires et leur élégance aristocratique. Tuer me semble devenu juste normal, une solution efficace pour résoudre des menaces que la diplomatie ne saurait gérer. Je n'arrive plus à me considérer comme égale à toutes les autres espèces peuplant ce monde, je me sens bien, plus puissante que jamais, mais dans la peau d'un prédateur. Je crains aussi de ne plus pouvoir vous accompagner au soleil, même avec une ombrelle, ce dernier me transforme en véritable chandelle actuellement. Je me sens haineuse la plupart du temps, je rêve de saigner cette elfe qui a osée nous attaquer lors du festival. Fujiin dit que je vais également avoir des crises de folie, où je risque de devenir incontrôlable et que je ne peux pas l'empêcher, juste décider de les libérer avant qu'elles ne me contrôlent totalement. Ce sang... il veut me transformer en monstre tuant tout ce qui bouge, me retirant amis, familles... toi... Je ne suis pas celle que tu as connue Lucien, plus maintenant... mais je n'étais qu'une personnalité factice, créée par Viktor pour dissimuler ma vraie nature.

Tremblant, elle posa sa main sur la joue de Lucien en le regardant tristement, elle avait cessée de le vouvoyer, à la croisée des chemins, elle désirait plus que leur rapport passé, mais savait bien qu'elle semblait monstrueuse et que peut être leurs chemins se sépareraient.

- Sache juste, que ce que je ressens pour toi est bien réel et que tout ce que je t'ai dit tout à l'heure, je le pensais. Au cours de ces cent ans, j'ai pu voir de nombreuses personnes, mais je ne désire qu'un seul et unique être, un élégant rossignol aux cheveux dorés et aux yeux d'émeraude. J'ai confiance en cette personne magnifique, je suis même persuadée que malgré cette folie me guettant, elle arrivera à m'empêcher de sombrer... de devenir mon père. Tu connais mes désirs, ce que je suis et tu sais que pour moi... rien n'a changé, en tout cas, te concernant. La question que je me pose maintenant, c'est si tu veux encore de moi... si je ne suis pas qu'un monstre effrayant à tes yeux.
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MessageSujet: Re: La mort d'une comtesse   La mort d'une comtesse Icon_minitimeMar 21 Avr - 23:17

Notre jeune comte était bien plus crispé qu'il ne l'aurait souhaité. Tandis qu'il appelait de tous ses vœux le calme pour pouvoir profiter de la proximité avec sa dulcinée, trop d'éléments empêchaient son âme d'être en paix : les lourdeurs du décorum mis en place avant qu'il puisse la voir, les froides ténèbres qui les entouraient... et ces changements qu'il ne pouvait comprendre.
Et pourtant, ne reconnaissait-il pas les traits de son aimée, derrière ces tristes cheveux violets ? Ne nourrissait-il pas toujours de sentiments purs et profonds ?
Il avait pris connaissance de ces désirs-là pour la dame dont les cheveux lui rappelaient la teinte de l'aurore et les accents des cerisiers en fleurs au cours du labyrinthe. Lorsqu'il avait finalement pris conscience du gouffre qui les séparait. Des racines sanguinaires qui puisaient dans une terre maudite, inaccessible aux humains. De la rose carnivore qu'elle incarnait, dont les subtiles fragrances cachaient une soif de sang meurtrière.
Et qu'en dépit de tout cela, il ne pourrait empêcher son corps de se porter au secours d'Ayla si elle venait à tomber dans un puits abyssal. Il ne se sentirait pas capable de se détourner d'elle si elle venait à s'enfuir sous l'Océan Azuré assez profondément pour échapper pour toujours aux rayons de son mortel ennemi.
S'agissait-il de la délicieuse et terrible alchimie des sang-purs ? Ou bien l'Amour s'était-il tout entier à sa proie attaché, ne lui laissant guère le choix en l’occurrence ? Les d'Elenor étaient-ils condamnés à se consumer dans leurs feux, comme l'avait fait son ancêtre nécromant et quelques autres ?
S'il était sous l'emprise d'un sort, aurait-il seulement le courage de demander secours à autrui pour s'en délier ? Le comte en doutait. Il venait à l'instant de sentir comme un tressaillement qu'il ne parvenait à comprendre malgré tous ses efforts, et qui avait saisi un court instant sa compagne. Ce fugace mouvement, ne pouvait-il l'avoir tout simplement imaginé, dans la noirceur qui baignait ce lieu ?

Par-dessus ces pensées, le silence fit son effet. Serein, il indiquait que ce moment n'appartenait qu'à eux seuls ; qu'il n'était pas forcément besoin de discours ampoulés, de détours diplomatiques ou de simples mots pour communiquer entre eux. Seuls, dans les ténèbres et la quiétude, l'univers se réduisait pour n'englober que ces amoureux. Ainsi en allait-il de la perception de Lucien, qui pouvait se rassurer en contemplant ce visage jusqu'à s'en imprégner une fois encore. Et lorsque la demoiselle de son cœur découvrit son bras, relevant sa manche, le contact fut doux. La fraîcheur de sa peau, la finesse de ses doigts, et sa caresse si amoureuse, d'une prudence exquise... comment ne pas chavirer ?
Pourquoi alors, au cours de ce qui devait être leur premier contact désiré, alors même que tout deux souhaitaient sentir que l'autre était là, ressentait-il une envie ténue de fuir ? Quel était ce murmure aux accents d'hiver, qui variait tel un trille discordant d'épouvante, qui résonnait dans sa tête, en supplique incomprise ?

Le silence se prolongea tandis que le garou résistait à l'appel du rossignol, qui, le plus sage des deux dans cette situation, avait saisi des desseins prédateurs. Mais pour se prolonger, il devait nécessairement s'épaissir, prenant son essence dans ces ténèbres qui, de romantiques, devinrent soudain dangereuses. L'atmosphère, passé un certain temps, fut ressentie comme pesante. Les réponses n'advenaient toujours pas, comme si Ayla eût oublié que, des créatures qui arpentent Edälia, seuls les vampires étaient naturellement télépathes. Le charme mis en place s'évaporait, rejetant par son évanescence l'amoureux dans ses questionnements ; revenaient à lui alors la conscience que sa bien-aimée pouvait très bien être possédée, puis toutes ses peurs.
Son cœur marqua un arrêt sensible devant le rictus qui venait de se manifester et trônait dans le noir, de méchantes dents blanches bien ciselées qui n'avait rien d'amical.

- Mephiles ? Thaxyl ? Me blesser ? Effectivement, c'est impossible. Malgré leur nature, leur lien avec la lune, leur expérience, ils ne pourront jamais plus faire quoi que ce soit contre moi... à part me mettre au soleil certes, mais cela démontrerait un cruel manque d'imagination.
Lucien pouffa nerveusement. Cela n'était même pas drôle, mais il voulait détourner son esprit de la perspective d'une Ayla brûlant pour l'éternité, condamnée à ne pouvoir se déplacer suffisamment pour échapper au regard de l'astre, brûlant et renaissant en même temps. Une petite voix lui souffla que le soleil finirait par se coucher, mais cette idée n'en était pas plus réjouissante pour autant.

Il y a éventuellement le Phénix qui pourrait me faire la peau, mais la vérité est que pour me détruire, ils devraient faire appel aux membres de ma famille et je suis bien plus dangereuse qu'eux. Ils ne sont rien comparés à ce que je peux devenir. Non, il n'y a eu aucun accident, Myrddin, Mephiles, Thaxyl et un certain Shisui, - mais que pouvait donc bien faire un enfant surveillant à côté de tous ces grands ? Était-il le fils du professeur de l'esprit avec qui on le voyait parfois ? - ont voulu "m'aider" à calmer ma haine. J'ai découvert que ces charmants sages sont responsables de la destruction de ma famille et j'étais un peu... remontée. La lune a trouvé que le moment était opportun pour finir ses projets pour les vampires et faire de moi un être capable d'affronter l'Abysse. Je suppose que la férocité et le côté aristocrate ont été développés au vu de ma réaction. Je ne ressens plus la peur, le regret ou encore la moindre hésitation, c'est pourquoi vous êtes là Lucien, je ne veux plus mentir, vous cacher ce qui me concerne, vous tenir à l'écart... vous blesser pour que d'autres ne fassent pas pire. Mais surtout, je ne veux plus me sacrifier, souffrir par crainte de ce que vous découvrirez et je ne veux plus retenir mes sentiments, même si certains les considéreront comme contre nature.

Quoi ?
Le mot, bien que concis et simple, ne put franchir ses lèvres. Lucien se contenta d'écarquiller les yeux et d'ouvrir la bouche, visiblement choqué. Si ses yeux avaient pu produire du feu, ils l'auraient fait.
La Lune, leur divinité, avait-elle vraiment décidé de se servir de la personne qu'il avait, dans un laps de temps bien trop court pour qu'il puisse réellement le comprendre lui-même, le plus aimé dans sa vie pour en faire un animal ? N'était-elle pas satisfaite à l'idée de forcer certains humains à cohabiter avec un animal, ce qui avait eu des conséquences désastreuses sur un nombre incalculable d'entre eux ? Fallait-il qu'elle s'amuse à faire de monstres des personnes admirables et douces, tout ça pour mener sa guerre ?
S'il eût été capable à l'instant d'annihiler cette divine chienne, il l'eût fait sans la moindre hésitation.

Aussi, lorsqu'elle s'avança pour lui donner un baiser, il ne prit pas la fuite, mais la serra dans ses bras, pour essayer de la rassurer. Elle n'était pas responsable de la perte de sa stabilité, et il voulait la réconforter, et peut-être pleurer avec elle. Dans d'autres circonstances, sans doute sa réaction aurait-elle été d'esquiver cela, en mettant en avant la soudaineté de leur rencontre. Ne se connaissaient-ils pas que depuis un laps de temps insignifiant au regard de leurs vies ?
Après qu'ils aient chacun risqué leur vie pour l'autre, les procédures de l'amour courtois apparaissaient comme autant de barrière irrationnelles qu'il leur fallait ignorer, mais comment ne pas se rattacher aux traditions ? Il était tout à fait inconvenable qu'ils fassent cela, et si tôt...
Il faudra pourtant convenir que Lucien ne pensa aucunement à cela au cours du baiser, et que de telles réticences n'avaient qu'été formulées auparavant, lorsqu'il divaguait et essayait de cerner après le labyrinthe ses sentiments pour la vampire de son cœur. Non, durant leur échange, il s'abandonna à ses sens... ne sentant guère qu'une gêne due à son incompétence, tandis qu'il laissait à Ayla le soin de diriger la manœuvre, bien incapable de suivre le rythme endiablé qu'on lui imposait, et bien ignorant dans l'art des baisers. La douceur fut dévorée par la passion, et tandis que sa partenaire lui agrippait les cheveux, lui l'entourait d'une étreinte.
Et pourtant, il ne put ignorer le mouvement des ombres, de ses parentes, tendres nourrices qui veillaient sur eux avec bienveillance. Le pouvoir qu'ils avaient sur les éléments l'emplit d'un sentiment d'orgueil, alors même qu'il se sentait fier de lui grâce à l'attention qui lui était accordée.
Puis tout prit fin, tandis que les brumes du plaisir enveloppaient encore son cerveau. Dans l'ardeur du moment, il en venait presque à oublier la raison de sa venue ; il se sentait prêt à offrir sa gorge si tel était le désir de sa bien-aimée afin de la satisfaire, et n'avait pas ressenti la morsure de ses lèvres comme une agression.
Mais il se prit une gifle mentale en constatant qu'il s'agissait d'une éventualité probable, et les hurlements du rossignol devinrent perceptibles, faiblement. Sa peur se communiqua, et il se sentit comme tétanisé, les idées déjà plus claires à ce sujet. Haletant sous les suites du baiser, il ne put s'empêcher de transmettre un peu de cette peur primale, celle de l'animal qui allait être dévoré et ne pouvait rien y changer. Aussi, il ferma les yeux en sentant le contact de la bouche d'Ayla, résolu seulement à rester digne.

Comment exprimer son soulagement quand seul un doux baiser en sortit ? À la joie d'avoir échappé à la mort se mêlait la honte d'avoir douté un seul instant de sa bien-aimée, et un fort ressentiment contre son animal intérieur : " Pour une fois que tu te manifestes à moi, tu m'épouvantes en vain ! Je constate bien avoir raison de ne pas t'écouter, si parfois tu me parles. Notre alliance ne souffrira pas que tu te mettes entre Ayla et moi, je te préviens, animal stupide. " furent ses pensées, dont il regretterait plus tard la tournure, mais qu'il n'avait pu refréner sur le moment.
Il était seul avec Ayla. Ayla, pas une autre ancêtre qui aurait pris la fantaisie de faire une visite de courtoisie. Ayla, pas un pouvoir qui aurait pris le dessus.
Est-ce que l'Ombre le remplacerait s'il n'arrivait pas à la contrôler ? Elle aurait eu du moins la chance de tomber sur son corps, et pas sur celui d'un mutilé maladif.
Une Ayla sauvage... et aristocrate à l'en croire, mais Ayla. Son Ayla.

En la voyant changer de couleur de cheveux, Lucien fut étonné, mais ne dit rien. Interrompre la magie du moment par une fade réaction qui se contenterait d'énoncer une évidence n'était pas de son goût.
Il devrait sans doute faire le deuil du rose. Il en viendrait à apprécier ce violet.


- Pour un vampire, offrir son sang est le cadeau le plus beau qui soit, cela signifie confier son âme à l'être aimé. Je ne parle pas d’assouvir sa soif ou encore de le faire par pulsion soudaine ou pour soigner des blessures...mais bien de l'offrir, juste en cadeau. Je ne veux pas le prendre, il n'est pas à moi, peut être qu'un jour j'en serais digne...

Lucien se mordit la lèvre avec violence, sentant une nouvelle fois le goût de son sang. Il aurait mal encore un temps après le traitement que lui avait infligé Ayla, mais dans l'euphorie du moment il n'en avait guère cure. Il n'aspirait qu'à se donner à la personne qui lui faisait face... mais n'était pas tout à fait sûr d'apprécier celle que la Lune avait créée.
Une chose était sûre en tout cas : accepter comme ça serait idiot, en plus d'être cruel s'il ne pouvait assurer le futur de leur relation.
Au moins, il était rassuré par l'idée qu'il avait encore un certain pouvoir sur l'être incontrôlable et féroce que sa dulcinée semblait être devenue.
" Pourquoi, Lune, n'as-tu pas choisi une autre personne ? Avait-elle mérité d'être ton jouet, et moi, de perdre la fille à qui je tenais plus que tout ? Vais-je découvrir qu'elle a été remplacée par un monstre dont je devrais être le gardien, en renonçant à toutes les joies de la jeunesse par morale ? Ou céder, et risquer la mort de centaines dans le dépit qui l'accablera ? " songea-t-il avec amertume en écoutant les suivantes paroles :

- Je tiens à être honnête avec vous, j'aimerais être auprès de vous Lucien, c'est mon vœu le plus cher, mais je sais que cela ne fonctionnera jamais si vous ne m'acceptez pas comme je suis et pour cela... vous devez me connaître. Ce changement fait par la lune, il me fait voir les choses d'une autre façon. Les élèves, les professeurs, même le directeur, je ne vois en eux que des proies. Naturellement, je les apprécie, mais mes instincts les désignent en tant que potentiel source de nourriture.
Ses craintes se réalisaient, et ses épaules s'affaissèrent. L'euphorie du baiser, déjà éloignée par la peur venait d'être exilée par ces cruelles paroles.
Il devait accepter que la douce fille qui se battait pour l'honneur, l'avait sauvé, était devenue sociopathe.
Et que se passerait-il s'il refusait ?
Y a-t-il chose plus bête que les instincts ?

- Ce n'est pas votre cas. Je désire votre sang oui, plus que n'importe quelle autre personne, mais pas car j'en ai besoin ou que je suis affamée... car c'est simplement votre sang. Le boire serait comme avoir une partie de vous m'accompagnant à jamais, en permanence, pouvoir sentir votre âme contre la mienne, votre vie ne me quittant jamais plus.
Refuser semblait tout de suite bien plus intelligent. Il fallait simplement espérer que le désir ne la pousserait jamais à commettre l'irréparable.
- Sans compter que je ne suis plus une enfant, j'ai des désirs plus... physiques dirons-nous et en attendant de pouvoir les combler le moment venu, j'aimerais vous faire découvrir un plaisir unique en son genre, le baiser vampirique. Jamais vous ne pourrez découvrir une sensation plus merveilleuse, plus excitante ou même enivrante. Viktor n'a pas tout dit dans son livre, la morsure provoque en effet cet effet, mais tout est bien plus puissant lorsque c'est fait par amour ou par désir, voir les deux.
Rougissement, détournement du regard. Certes, il fallait procréer assez tôt pour compenser les possibles pertes d'héritiers (Lucien n'avait été sauvé du mariage avec sa fiancée (la jeune comtesse de Coloïne) désignée qu'en raison de ses cinq ans. Et encore, cette tendance reculait de plus en plus grâce aux efforts de l'ordre de guérisseur pour réduire les morts infantiles. La perspective d'une union n'avait jamais traversé la tête de Lucien que sous les traits flous que l'on prête aux éventualités lointaines.
De toute façon, après sa victoire en tant que "meilleur mage du royaume (faute d'opposants, un ayant abandonné, deux n'étant pas en état de combattre, et le dernier ayant fui)" jamais les parents de sa fiancée ne voudraient poursuivre cette union. Ils haïssant la magie comme les dragons les voleurs.

Tout en réfléchissant, ce "meilleur mage du royaume" écoutait bien entendu Ayla, et sa gêne s'accentuait. Oh, il était sûr qu'ils s'aimaient l'un l'autre (il l'était du moins avant d'apprendre que celle qu'il aimait avait été remplacée par un probable monstre), mais ils ne pouvaient lier leurs âmes après s'être rencontré il y a si peu de temps !
"Lewis ne verrait pas d'un si bon œil la cohabitation, de toute façon... attendez... ne me dites pas qu'il m'a espionné pendant que j'embrassais Ayla ?! Par la Lune... non, ce n'est pas possible ! " pensa-t-il, avant de se tenir la tête pour exorciser cette ignoble idée. Au même moment, Ayla lui faisait part de l'espoir qu'il la rejoindrait un jour, ce qui était un autre point qui le rendait inconfortable. N'eût été l'assurance qu'il avait tout le temps qu'il souhaitait avant de lui permettre tout ça, il aurait sans doute tout refusé, par simple peur de tant de changements irréversibles. Cette honnêteté était malvenue, et très mal amenée selon son goût... et pour tout avouer terrifiante.

Changement de couleur. Était-ce un sortilège de l'esprit ? Sans doute non, car Ayla n'avait pas la moindre raison de faire montre de ses capacités devant une personne qui la respectait déjà bien assez. Mais Lucien considérait d'un autre côté que la Lune, pour faire don d'une capacité de changement involontaire, ne devait rien connaître de la politique et des arts de la cour, qui demandent bien souvent de masquer ses émotions véritables. Pour les exposer, elle devait être ignorante ou cruelle. Ou alors, lui devait être stupide et ne pas voir comment cela pouvait être utile.
Enfin, ces pensées n'avaient qu'une importance maigre, lorsqu'elles étaient comparées à la teneur du discours qui était en ce moment même tenu, et fort déboussolant.
Ayla, la fille du plus grand bourreau de l'humanité ?
Et pourtant, jamais le mage n'avait vu son aimée plus sérieuse. Il eût souhaité que toute cette rencontre ne fut qu'une farce ridicule, et qu'à son réveil Ayla soit encore l'héritière des Von Carline, une vampire non transformée par la Lune.
Drake lui apparut tout de suite comme antipathique et dérangé : comment les humains pouvaient-ils être plus dangereux qu'un vampire ? Tout jouait en leur défaveur, dans le rapport de force. Il n'y avait qu'à voir les résultats du dernier tournoi pour s'en assurer... l'immortalité, la régénération la force, la vitesse, les capacités mentales, une magie qui leur était propre, et un instinct de prédateur. Tout cela était aux vampires, tandis que les humains n'avaient sans doute que la capacité de bronzer - ce qui était une marque de pauvreté sociale, et donc assez peu enviable - qui ne valait sans doute que peu de choses.
Et visiblement, la Chienne n'était pas la seule à être folle, ses chiots l'étaient de même.
Il était par contre dérangeant que la plus pacifiste des Morg fût à l'origine de la plus grande catastrophe magique de tout le continent ; et à la lumière de ses précédents, même l'amoureux ne pouvait craindre un singulier atavisme qui pousserait les membres de cette famille à la destruction. De quoi donc serait capable leur fille, réduite par la Lune à n'être plus qu'un monstre sociopathe ?
En tout cas, Lucien appréciait de comprendre. S'il n'avait jamais vu Ayla comme une simple énigme à résoudre, au contraire de certaines personnes, les problèmes qu'elle avait rencontrés l'intriguaient et l'avaient à de multiples reprises privé de repos. Surtout après sa tentative de meurtre, qui avait été examinée avant qu'il ne parvienne à la conclusion qu'elle venait d'énoncer, l'ascendance royale exceptée, bien entendu.

Pour ce qui était du maléfice, Lucien, s'il en pressentait l'ampleur, se trouva blessé d'entendre dire de la bouche-même de l'affligée les symptômes du mal qu'elle endurait. Pas de peur, d'hésitation, de pitié... et rien qui ne soit aristocratique, ce qui était assez dérangeant : Ayla associait-elle à présent la férocité et l'aristocratie sans même s'en rendre compte ? et comment donc la Lune pouvait-elle avoir eu l'idée saugrenue de retirer toute inhibition à un roi dément dans l'idée qu'il se contrôlerait ?

- Avant que je ne puisse te répondre, Ayla... il me faut savoir une chose. La Lune nous écoute-t-elle ? demanda-t-il.
Une réponse affirmative suivit, à son grand déplaisir, ce qui engendra quelques secondes de silence au cours de laquelle il se mit à réfléchir à la manière dont il allait formuler ses dires, avant de finalement craquer, ne pouvant contenir ses émotions.
- Tant pis pour la diplomatie. La Lune a donc maudit nos deux lignées, et je suis la preuve que l'on peut mettre un terme à ses maléfices. Je ne peux comprendre cette déesse , ce dernier mot prononcé avec une outrecuidante raillerie, qui juge bon d'enlever au belliqueux ses restrictions et l'en punit après. Je ne peux comprendre cette folle qui t'a prise pour te transformer à sa guise, alors que tant de ses fidèles abandonneraient avec plaisir tout sens de l'humanité pour la suivre.
Je suis désolé de ne pas... t'accorder tout de suite la réponse que tu cherches tant. J'avais besoin de faire sortir ça. Je ne crois pas qu'il soit nécessaire de maintenir les parades chères aux amoureux, après ce que nous avons chacun fait l'un pour l'autre...
...Enfin. J'apprécie honnêtement le temps que tu me donnes pour réfléchir. Tout ceci est très soudain... tout va tellement vite. Trop vite. Il y a quelques semaines encore, nous nous rencontrâmes. Depuis, je n'ai pu t'ôter de mes pensées, et je ne tentai jamais un tel acte ; ton souvenir m'était trop cher. J'ai compris que je t'aimais encore, après le labyrinthe, malgré tout ce que tu avais fait. Mais sommes-nous prêts pour ça ? Pour lier nos âmes pour l'éternité ?

Un soupir, des tentatives pour organiser ses pensées.
- Ce n'est pas parce que la Lune s'est montrée odieuse que nous n'avons pas le droit à la romance. Je ne peux pas t'ôter de ma tête, et je veux découvrir où cela nous mènera. Même si cela ne peut fonctionner, je veux être ton soutien… je ne supporterais pas que tu deviennes un jour une bête affamée dénuée d'âme... j'aimerais découvrir ce que tu vis, afin de mieux pouvoir te saisir et t'aider, mais ne veux pas que tu perdes ton immortalité à cause de moi. Peut-être ne suis-je que le fragment d'une vie passée, plus confortable, que tu cherches à conserver ?
Désolé, je ne sais pas pourquoi j'ai dit ça... j’ai peur que le conte que tu me fais soit précis… sois-dit en passant, je ne parviens pas à cerner ce que l’absence de scrupules a d’aristocrate, mais… en tout cas, il y a une chose à dire : Sache que si tu veux voir le moindre spectacle prochainement, c'est avec joie que je t'accompagnerai. Et c'est avec espoir que je resterai pour discuter de tout ce que tu veux, au cours de ce qui va suivre. Espoir que… espoir de retrouver en toi un peu de celle que M. Von Carline a éduquée. Espoir qu’il y a encore un avenir possible…
Je suis très touché par tout ce que tu m'as dit sur ta famille, et n'en fais pas abstraction, bien évidemment... mais, je pense qu'il faut que tu te détendes, Ayla. Peut-être que cet état passera… si tu souhaites un jour perdre cette facilité de meurtre, je t’aiderai à cela. Mais n’y pensons plus. Profitons d’un des moments que nous avons pour nous découvrir… pour enfin passer du temps ensemble.

Ainsi parla-t-il, bégayant et hésitant par moments, trop gêné pour exposer tous ses doutes, mais néanmoins sincère ; cette combinaison-là le poussait à tenter l’expérience du sang maudit. Après une telle confidence, quel serait le cœur de pierre incapable d’accepter de se livrer à cette épreuve de confiance et capable de repousser cet amour ?
Pendant ce temps, un oiseau désapprobateur s’agitait avec frénésie, et ne rencontra que le silence.
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MessageSujet: Re: La mort d'une comtesse   La mort d'une comtesse Icon_minitimeSam 3 Oct - 22:04

La vampire se leva soudainement et tourna le dos au jeune garou, ses ongles s'enfonçant dans sa chair à force de serrer les poings, son corps entier parcourut par de nombreux frissons et tremblant de tout son être. La colère montait, elle ne s'en rendait pas compte, mais les simples mots de celui qu'elle considérait comme son aimé, venaient de la rendre folle.

- Un fragment de mon passé ? Retrouver celle que j'étais ? Comment oses tu dire une chose pareille ?!

Tous les objets de la pièce explosèrent, les murs se fissurèrent, tandis que les ongles de l'enfant de la nuit avaient été directement changés en griffe. Regardant sa main durant un certain temps, elle finit par reprendre sa forme naturelle, tandis qu'elle constatait, avec une certaine inquiétude, l'état dans lequel se trouvait sa chambre. Elle se laissa tomber sur le sol, après tout, le lit était lui aussi en morceaux. Elle devait calmer ses émotions, mais tout lui semblait si intense et son pouvoir semblait avoir été totalement altéré. Jamais la vampire n'avait réussi en esprit, sans doute à cause de ses limitations, maintenant, la moindre émotion forte risquait de détruire quelque chose...ou quelqu'un.

- Jamais...je ne pourrais revenir en arrière, je ne suis plus cette rose qui se cachait du soleil...Je ne sais même pas ce que je suis, à part un danger pour les autres...

Elle tenta de se changer les idées, repensant à des moments agréables, comme lorsqu'elle avait rencontrée le rossignol pour la première fois. Le cours de combat, le labyrinthe avant que tout ne parte en vrille et...c'était tout. Si peu de temps, tellement peu de cours, de moments passés ensemble, pourtant elle avait toujours cru le connaître depuis tellement plus longtemps. Ce n'était pourtant pas le cas, qu'est ce qui avait fait qu'elle s'était autant rapprochée au final ? La logique, tout simplement. Il était noble, il se comportait comme ceux qu'elle avait l'habitude de voir lors de certaines soirées. Il l'avait aidée, mais qu'avaient ils fait ensemble ? Rien, absolument rien. Peut être qu'elle s'était tout simplement accrochée à lui par instinct de survie. Elle savait qu'elle allait disparaître, qu'une autre prendrait sa place, vivre jusqu'à vingt ans et mourir, c'était la règle. Pouvait il seulement la comprendre ? Pouvait il la regarder sans avoir peur ? Son rossignol, jadis si lumineux, semblait s'enfoncer dans des ténèbres échappant à sa nyctalopie.

- Peut être...peut être que tu as raison. Nous n'avons jamais rien fait ensemble n'est ce pas ? Peut être que je me suis accroché à toi, sachant que je disparaîtrai par la suite. Peut être que je me suis aussi accrochée à toi de peur d'abandonner mon ancienne vie. Seulement, je ne suis plus Ayla Von Carline, je ne suis plus une vampire craignant le soleil et attendant qu'un garou vienne apporter une ombrelle. Une arme ? Une tueuse ? Un autre genre de vampire ? Je ne sais pas...mais je sais aussi que tu as peur de moi et que tu n'accepteras jamais cette férocité, qui vit dans chaque vampire.

Même si elle parvenait à stabiliser son pouvoir, même si elle n'avait plus envie de boire le sang de toutes les personnes qu'elle croisait ou de considérer ces personnes comme autre chose que ses proies, une triste vérité lui apparaissait. Lucien et elle, n'étaient pas du même monde. Il ne s'agissait pas de races, mais d'esprit, le jeune noble ne la comprendrait jamais. Elle aurait à jamais une férocité faisant douter de son statut social, elle aurait jusqu'à sa mort cet instinct et tous deux insupportaient le garou. Cette transformation la faisait s'éloigner de Lucien et sans doute de manière définitive. Malgré les efforts des deux, il y aurait à jamais du dégoût concernant une partie de sa nature et elle savait qu'elle ne pourrait vivre avec cela. Devait elle blâmer la lune de l'avoir rendue ainsi ou remercier d'avoir pu comprendre leur relation ? Une seule chose était certaine, cette condition et cette révélation la rendait plus que malheureuse.

- Au delà des races et des pouvoirs, un fossé nous séparera toujours...je le crains. Vous n'accepterez qu'une partie de moi et non la totalité. Ma bestialité vous dégouttera à jamais, pourtant c'est ce que je suis, une aristocrate et un animal, vous ne pourrez jamais le changer. J'aurais voulu faire tout ce que vous m'avez proposé, mais pouvez vous vraiment m'accepter ou m'apprécier en sachant tout cela. Je ne pense pas, vous êtes tel que vous êtes Lucien et je resterais méprisable à vos yeux, du moins une partie.
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