Je marchais silencieusement dans les couloirs de la bibliothèque, mes sens en alerte. Higaï avait la main posé sur mon dos. On voyais bien que l'élève de l'eau n'était pas un exemple de courage, mais il est normal d'avoir peur lorsque l'on cherche un inconnus dans de sombres chemins. La plupart des individus auraient eu peur aussi, et même si je gardais mon calme, j'étais assez tendus. Après tout, la vie était courte, et s'imaginer qu'un homme armé ou dangereux apparaisse au croisement ne me rassurait pas

Je m'arrêtais un instant et huma l'air. Il était légèrement dur de sentir quelque chose d'autre que celle d'Higaï, je ne m'étais pas encore habitué à son odeur. Après tout, on ne s'étais rencontré qu'il y a...cinq minutes? Il me fallait plus de temps pour reconnaître tel ou tel odeur comme familière. Sinon, je sentais aussi légèrement celle du rossignol, mais rien d'autre. Pourtant...Je pris une grande inspiration, et sentis soudain une nouvelle odeur, près d'ici. La fameuse troisième personne? Je devais le savoir. Mais étais-ce une bonne idée de s'approcher de lui? De toute façon, si j'étais resté à la bibliothèque, c'était pour savoir qui était cette personne, et je n'allais pas faire marche arrière. Je prévins Higaï en laissant échapper un léger grondement et en mettant mes oreilles en arrière. Je continuais à marcher près de l'inconnu.

Un autre élève? C'était encore un enfant qui venait d'apparaître dans mon champ de vision. Je commençais à gronder vers sa direction, pour voir sa réaction.

- Hey, qu'est-ce que vous faites là ? Vous... vous ne devriez pas être ici maintenant !

Ce qu'on faisais là? Et il faisait quoi ici? Lui, avait le droit d'arpenter les couloirs de la bibliothèque? à moins qu'il ne travaillait ici. Mais il semblait trop jeune pour être un employé de l'académie. ça devait être un élève, non? Il ne semblais pas rassuré par notre présence. Je pris ma forme humaine.

-Je...je ne savais pas que c'était interdis d'aller ici. La porte était ouverte et...

Mais au fait...Et si c'était pas la troisième personne? Peut-être que c'était un surveillant non? Il valait mieux poser la question:

-Attendez un instant. Vous êtes là depuis combien de temps?

Je ne savais pas si il était digne de confiance. Peut-être qu'il était un surveillant, peut-être un élève. Peut-être que c'était cette troisième personne qui rusait, en faisant croire qu'il avait tous les droits d'être ici. J'avais oublié Higaï, qui devait se trouver derrière moi. J'avançais d'un pas et me mis légèrement entre lui et le nouvel arrivant.

Dans le règlement qu'une certaine personne avait prit la peine de lire, il était fait mention d'une réserve de livre dont l'accès était défendu aux élèves non autorisés ; aucune porte de la bibliothèque à part celle de l'entrée n'avaient cependant eu de verrou, ou seulement l'aspect d'une réserve.
Lucien n'avait pas pensé à demander l'accès, certain que cela ne provoquerait qu'un excès de méfiance envers lui de la part du bibliothécaire, qui pourrait éventuellement, devant la curiosité infondée d'un nouvel arrivant, demander aux surveillants de le tenir à l’œil.

Aussi, le derrière des tableaux, le dessous des tapis avaient été peu à peu et laborieusement éliminé lorsque personne n'était dans les parages le premier jour de la rentrée, et le benjamin d'Elenor était certain de trouver en moins de deux heures en étant attentif le mécanisme dans cet immense endroit.
Cela prendrait certes du temps, mais le temps était à ses yeux négligeable au profit des merveilles qu'il pouvait trouver en cherchant bien : le récit de la vie des précédents directeurs, les sortilèges du maître de la magie lunaire - qui se trouvait parallèlement être son professeur d'artefact - et des récits qui étaient réservés aux élites.

Les oreilles du rossignol étaient performantes et il était facile de comprendre que le garçonnet parlait avec les élèves. Sa voix ne semblait pas du tout sûre et s'il y avait des tressautements, il était tout de même impossible de comprendre les mots qui étaient échangés, d'autant plus que cela n'intéressait guère le cambrioleur.

À cause de la pénombre, le garou demeura sous sa forme aviaire le temps de ses recherches, sondant les dalles près de la porte qu'il avait remarquée, ayant déjà sondé les briques du mur auparavant. Le poids d'un oiseau est bien faible, et le rossignol est parmi les plus petits de tous les voyageurs ailés, mais cette petitesse même était suffisante pour enfoncer légèrement une dalle. Les plus isolées, notamment celles sous les étagères, étaient privilégiées car il ne fallait pas que le mécanisme soit enclenché par hasard. Il s'agissait certes d'une solution peu pratique pour le bibliothécaire en général, mais la sécurité des livres devait être le souci principal de Myrddin.
Au bout d'intenses sondages, les voix se firent entendre plus nettement, comme si au lieu de prendre le chemin de la sortie le groupe de garçons s'était décidé à s'enfoncer dans la bibliothèque. Le gamin blond aux peluches était visiblement resté persuadé de ne pas avoir rêvé, ce qui était pour le moins dérangeant.

Assuré de cet état de fait, le rossignol sautilla jusqu'à atteindre un coin sous une étagère à l'abri de toute lumière et il s'y terra, profitant de la profonde obscurité pour échappé aux investigations. Dès que les voix se firent plus faibles, il ressortit doucement, se mettant à présent tout en haut de celles, immenses, près de la porte. Il faudrait qu'il se dévissent le cou pour qu'ils le trouvent ici, et s'ils recherchaient un élève ils n'y regarderaient de toute façon pas. Caché par la hauteur, le pseudo-animal se mit à continuer ses recherches, frappant doucement du bec contre un mur trop lisse, persuadé de bientôt parvenir à ses fins. Déjà, il tendait de toutes ses forces l'oreille pour ne pas être surpris par le groupe, mais aussi pour entendre le plus petit clic, sentir le plus léger mouvement.


L'examen se poursuivait lentement entre les murs de la bibliothèque. Lucien resterait ici jusqu'à ce qu'il tombe de sommeil, essayant encore et encore de trouver le mécanisme capable d'ouvrir la porte vers le savoir.

- E-euh depuis... un peu moins de 5 minutes... je crois... Pourquoi ?

J'avais un peu de mal avec ce que disait cette personne. Elle pouvait mentir...mais d'une certaine manière, il paraissait totalement innocent. Il se pouvait que l'autre enfant dise la vérité

- Je suis surveillant, je... je ne peux pas vous laisser ici là nuit...

Surveillant? Aussi jeune? ça par contre, j'avais un peu de mal à le croire. Je restais donc sur mes gardes, toujours entre lui et Higaï Mais avant que je ne puisse dire autre chose, il sortit un objet de sa poche, montrant l'insigne de l'académie. C'était sa manière de prouver qu'il ne mentait pas? Pour moi, ce n'étais qu'une montre à gousset, et cela ne pouvait prouver rien à cent pour cent...mais de toute manière, en restant paranoïaque comme ça, j'aurais eu du mal à continuer à vivre au sein de l'académie. Il fallait que j'apprenne à faire confiance à certaines personne, pour mon propre bien. De toute manière, si le garçon était vraiment surveillant, je ne voulais avoir aucun problème avec l'administration de l'académie: C'est un danger auquel on ne pouvais s’échapper par la fuite.

- Est-ce que tu sais comment aller dans les salles élémentaires ?

C'était Higaï qui posa cette question au "surveillant", d'une voix assez exténuée. Il devait être vraiment fatigué. Après le stresse qu'il a enduré, la peur bleue qu'il a eu en me voyant sous ma forme de garou, et sans compter le fait qu'il faisait très tard, le pauvre devait être vraiment fatigué. Sa question le prouvait d'ailleurs. Moi, je n'avais aucune envie de dormir (il faut dire que j'étais un être plutôt nocturne). Mais je savais que de toute manière, je n'aurais eu pas le choix de partir ou rester. Je n'étais pas apparemment censé être là, et j'allais devoir probablement rejoindre les dortoirs, comme semble souhaiter tellement Higaï

- Et est-ce que tu as vu quelqu'un sortir d'ici ? Car il y avait quelqu'un ici. Je crois...

On voyais toutefois que, même si il voulait partir se coucher, Higaï restait curieux quand à toute cette affaire. Il est vrais que cette soirée était bien plus excitante qu'une simple ballade nocturne

- Désolé... je ne peux pas vous laisser partir, pour le moment... Il... il faut d'abord vérifier s'il y a bien quelqu'un d'autre. Vous pensez pouvoir m'aider ?

Ainsi donc, le jeune surveillant s'était laissé entraîné dans toute cette histoire, lui aussi tout autant curieux que moi et Higaï? Mais de toute manière, curieux ou non, c'était son travail de chercher les personnes qui se trouvaient dans la bibliothèque non? En tous cas, j'étais plutôt content qu'il ne nous avait expédié directement dans nos dortoirs de l'eau et la terre, car ma propre curiosité n'était pas assoupie (et de toute manière, je n'avais pas sommeil).

-Je peux toujours aider, mais je ne pense pas qu'il y ai quelqu'un d'autre maintenant. Je pense que je l'aurais déjà flairé depuis longtemps. Il n'y a que nous et un stupide oiseau. Mais on peux toujours revérifier.

Je commençais à faire quelque pas vers une partie de la bibliothèque que je n'avais pas vérifié, sans attendre de réponse du surveillant. Puis je me tournais vers Higaï, qui semblait bien fatigué.

-tu es sûr de vouloir continuer? tu semble fatigué. Le surveillant pourrait te reconduire au dortoir pendant que j'enquête.

Il était sûr que, si il y avait vraiment une troisième personne et qu'elle était dangereuse, Higaï ne pouvait être blessé si il rejoignait les dortoirs de l'eau. Je préférerais largement subir la douleur d'une agression que savoir que quelqu'un peu apte à se défendre souffre à ma place. Et le surveillant? Lui? Pouvait-il se défendre? je sentais qu'il était quelque chose d'autre. Un autre garou sûrement. Et d'ailleurs, je sentais bien l'odeur d'un autre prédateur, maintenant que j'y pensais. Peut-être que le jeune arrivant pouvait être un précieux allié lors de cette recherche.

Et Tous ce que j’espérais, c'était que l'on sois bientôt fixé sur toute cette affaire de mystérieux inconnus.

- J-Je veux chercher avec vous, je peeeeux...

Higaï termina sa phrase sur un sourire lancé vers moi et le surveillant. Le pauvre arrivait à peine à tenir debout. J'étais sûr que le meilleurs pour lui était de regagner les dortoirs et bien dormir...mais si il voulait vraiment comprendre ce qui se passait ici, libre à lui. Après tout, je ne pouvais pas le blâmer, étant-donné que je voulais aussi rester pour le même but. Même si moi, j'étais relativement en forme. Contrairement à ce que l'on pourrais penser de la part d'un félin, je dors peu. Lorsque l'on vis en "sauvage", on a peu le temps de se reposer, car il y a toujours quelque chose à faire pour sa survie ou autre. Le problème, c'est que mes besoins s'étaient restreins au sein de l'académie. Je n'avais pas à chasser pour ma survie, je n'avais pas les mêmes objectifs...Même si je continuais à ne pas trouver le sommeil la nuit (étant habitué à être opérationnel 18 heure sur 24), je commençais à dormir de plus en plus. Peut-être qu'avant la fin de l'année, j'aurais cessé mes ballades nocturnes. Pour le meilleur? Pour le pire? Qui sais ce que le futur réserve.

Le jeune surveillant hocha la tête, comme pour accepter l'aide d'Higaï ainsi que la mienne, et fit un signe de bras pour nous demander de le suivre. Et c'est ainsi que les recherches continuèrent avec lui. Les minutes passèrent...longues, un peu maussades...mais surtout silencieuses. C'était inquiétant. Peut-être qu'au final, le troisième (quatrième individus, d'ailleurs, maintenant que le surveillant était de la partie) était partit. Même si je n'avais pas l'envie de croiser une personne potentiellement dangereuse, j'étais déçus de m’imaginer qu'il était partit. Ce serait dommage...tellement dommage de ne pas avoir la fin de l'histoire. Après autant de temps passé dans cette bibliothèque, j'était maintenant cruellement partagé entre l'envie de continuer mon chemin par simple précaution (plus on se mêle des affaires des autres, plus on est dans l'embarras) et de trouver la personne une bonne fois pour toute.

Après ces quelques minutes, le surveillant se tourna vers moi et me posa une question:

- ... Tu penses pouvoir retrouver l'oiseau ? Je... je vous ai retrouvé comme ça...

Retrouver l'oiseau? c'est vrais que cet animal était une bonne sonnerie d'alarme lorsqu'il voyait quelqu'un. C'était grâce à lui qu'Higaï s'était tourné pour se retrouver face-à-face avec mon tigre intérieur, c'était grâce à lui qu'ils on aussi été prévenus de l'arrivée du surveillant. Un oiseau peut-être idiot, mais efficace. Je pouvais toujours tenter de le flairer, oui, mais je ne voyais pas réellement ce que ça allait changer. Si on le retrouvais, on ne pouvais pas le forcer à bouger (à moins qu'il soit posé sur le sol où à porté, pour pouvoir lui faire peur)...M'enfin. Autant faire comme il avait demandé.

Et avant que je lui réponde, sortit aussi une toute autre question:

Dites... comment vous vous appelez ? Moi c'est... Shisui Ryuuga...

Une question sans rapport avec la précédente, ni-même avec la situation actuelle. J'avais appris très tôt que c'était une habitude de connaître les noms des autres lors d'une rencontre. Autrefois, je n'étais que "mon fils". Je ne connaissais que "mère". C'était une époque où un seul visage m'était familier, et où tout détail comme les noms était subtil. Mais maintenant, je voyais suffisamment de tête dans ma vie quotidienne (et trop de tête à mon goût, d'ailleurs) pour commencer à les retenir.

-Francis., répondis-je rapidement, en regardant devant moi. -Quand à l'oiseau, je peux toujours essayer, mais je pense qu'il y a peu d'espoir qu'on retrouve cette personne, avec l'oiseau ou non. Voilà un bon bout de temps qu'on cherche.

Après ma réponse hâtive, je pris ma forme animale et m'étira avec force de toute ma largeur. Je pris un instant pour renifler l'air, en levant la tête. Je fermais les yeux, et me concentrais sur toutes les odeurs, les éliminant une par une...jusqu'à trouver celle qui m'intéressais. Une petite effluve, très discrète parmi les diverses odeurs, comme celle de Shuisi, d'Higaï, la mienne, le bois des étagères, le papier des livres, et autres joyeusetés olfactives. à ce moment là, je tournais la tête vers les deux jeunes partenaires et les regardait de mes yeux dorés. Je sentais quelque chose d'autre, bien étrange. Mon regard se fixa un instant sur Shuisi. Quelque chose...quelque choooossee...de non humain...prédateur...Créature...une odeur fraîche qui piquait légèrement mon nez. C'était un garou? Il avait peut-être une part d'animal, mais je n'avais jamais sentis cette odeur. Je reconnais celle d'un chat, d'un chien, d'un loup, d'une vache, d'un oiseau, d'un poisson, d'un ours, lynx, marmotte, écureuil, humain...mais celle-là me posait une colle. Peut-être que ce n'était pas une race humaine, comme les vampires. Je ne voulais pas lui poser la question, car changer de forme continuellement me fatiguait, et je venais de me transformer il y a une dizaine de secondes. Si j'oserais, à la fin, je lui demanderais.

Je finis pas décoller mes yeux de ceux de Shuisi pour hocher la tête sur le coté, en direction d'un passage un gauche, les incitants à me suivre. Je repris ma marche: l'oiseau devait être proche de nous à un rayon ou deux d'étagère.

Alors que je continuais à marcher vers le possible emplacement de l'oiseau, j'entendis un lourd bruit derrière-moi. Je me retournais, et vit Higaï, au sol. Le surveillant s'approcha et s'agenouilla devant lui, commençant à le secouer.

- ... Es-tu endormi ?... Penses-tu être... capable, de te lever ?...

Non...Apparemment, il était bien tombé de sommeil. Le pauvre semblait déjà fatigué lorsque je l'avais rencontré, et la panique que je lui ai apporté lorsqu'il ma vu sous ma seconde forme n'avait pas dû l'aider à économiser son énergie. Je ne savais pas qu'on pouvait tomber de fatigue comme ça. Je n'étais jamais tombé de fatigue auparavant. Peut-être qu'Higaï était juste moins résistant que moi, ce qui était indéniable.

Je me rapprochais à mon tour des deux jeunes individus. Le surveillant se tourna vers moi:

- E-est-ce que tu sais... son élément ?... Et son nom...

Higaï, oui, je savais...son élément....il me l'avait dis....je crois que c'était l'eau. Je me décidais à reprendre ma forme humaine pour bien évidemment lui répondre.

-Si je me souviens bien...Il était de l'eau, je crois. Il me l'a dis lorsqu'on s'est rencontré ici.

Merci... je.. je vais le raccompagner...Ah, euhm... je vais te laisser... tranquille... Tu n'as rien fais, ça ira... Tant-pis pour la dernière personne.

Il termina sa phrase par un léger sourire. Moi, je regardais derrière-moi. C'est vrai que le quatrième individus rôdait encore et toujours par ici. Je me posais beaucoup de questions sur lui. Mais je me tournais à nouveau, posant mon regard sur le surveillant, et Higaï, par terre. Il allait avoir du mal à le transporter seul. De plus, il m'avait offert son silence, alors que son devoir lui aurait demandé de me dénoncer au directeur, probablement. C'était gentil de sa part, je devais lui rendre la pareille...

Bon...Tant pis pour mes questions...Elles n'auront peut-être jamais leur réponse.

Je me posais près d'Higaï, et le pris dans mes bras.

-Tu auras du mal à le porter seul. Laisse-moi m'en occuper.

Je soulevais le corps endormis du jeune élève de l'eau, le bras droit sur son dos, le bras gauche en dessous de ses genoux, m'assurant qu'il ne glisse pas. Je me demandais avec amusement s'il dormirait toujours aussi profondément s'il glissait soudainement de mes bras. Mais je ne voulais pas lui faire de mal. Je déteste voir des personnes qui semblent fragile souffrir d'une quelconque manière.

Guidé vers la sortie par le surveillant, je me tournais une dernière fois vers la bibliothèque...L'oiseau...l'individu...une partie de moi qui me hurlait "où tu vas comme ça? Retournes-toi et va les chercher. Tu ne vas pas partir comme ça ?"

Et pourtant...Pourtant il fallait que je le fasse. Il fallait bien qu'Higaï soit raccompagné, et si j'étais près d'un autre surveillant pendant que je rentrais dans mes propres dortoirs, alors je n'aurais pas de problèmes. Je poussais un soupir, regardai le visage endormi de l'élève, et décida de passer la porte, continuant à suivre le jeune surveillant.

Ils partirent enfin.
Le rossignol finissait par désespérer à l'idée qu'ils puissent passer la nuit ici : il était peu probable qu'il finisse par trouver le mécanisme à cet endroit précis et allait devoir chercher ailleurs.

Une fois que la porte se referma définitivement, le curieux élève se décida à aller ailleurs et à bouger tout objet en hauteur un peu fixe, faisant parfois de périlleuses galipettes durant lesquelles il devait redevenir humain une fraction de seconde. Les incliner ne fonctionnait pas toujours. Et puis, il vérifia le plafond, se disant qu'il était fort possible que la réserve soit si bien cachée. Ensuite vint l'inspection des livres sur les rayonnages le long du mur qui cachait la réserve, où furent retirés les ouvrages sans le moindre titre visible.
D'autres examens similaires eurent lieu jusque tard dans la nuit, quand, finalement, en passant une nouvelle fois devant l'accès repéré, il apparut au noble qui avait décidé "d'emprunter sans déranger les autorités par une action si banale" qu'il lui était à présent possible d'entrer dans la Réserve.

Lucien cligna des yeux, se retourna et se demanda laquelle de ses actions avait bien pu déclencher le mécanisme. Pour tout ce qu'il savait, cela pouvait être n'importe laquelle... Encore que, il n'avait rien ressenti en touchant le plafond.
Était-il seulement celui qui était parvenu à ouvrir la porte ?

Finalement, il entra et referma la porte derrière lui après s'être assuré que la poignée intérieure fonctionnait. La lumière devenait dans cette pièce plus verdâtre qu'auparavant, et il était plus difficile d'y voir convenablement, ce qui était difficilement compréhensible.
Un mouvement eut lieu à la droite de l'intrus, qui recula d'un bond en voyant cela : un livre semblait vivant. Rattaché à une chaîne, il n'avait pas pu lui faire grand mal, heureusement.

On y lisait : "Enchantements interdits pour maître, par Schulding le Honni". Rien qui ne puisse l'aider, dans ce cas.
Quelle heure pouvait-il bien être ? Si cela se trouvait, le bibliothécaire reviendrait bientôt et il lui serait impossible de sortir de la réserve. Il était évident qu'il devait à présent prendre un livre au plus vite et rejoindre son dortoir.
Lucien avança, et tomba finalement sur un livre laissé à l'étude. Le prendre lui serait sans doute trop risqué, mais il y avait des dessins d'anatomie démoniaque, qui étaient plutôt fascinants. Cependant, la laideur des personnages représenté le força à vite détourner le regard, vers un livre en hauteur.

"Les enfants de la nuit, par Viktor Von Carline". Le livre était assez joli, guère épais mais trop volumineux pour tenir dans une poche. Le nom de famille retentit, à vrai dire : il s'agissait de celui du comte vampire conseiller du roi, ainsi que de celui de sa bien-aimée. Y avait-il des secrets touchant au peuple qu'il espérait connaître afin de la mieux cerner ?
Il n'était pas venu pour un tel ouvrage... les artefacts étaient ce qui l'avait motivé à venir ici en premier lieu. Cependant, la tentation était trop grand, et le temps trop limité. Le garou fit un mur d'ombre en dessous de lui jusqu'à ce qu'il atteigne la hauteur requise pour extraire le livre de l'étagère sur laquelle il avait été posé, et l'ouvrit à une page au hasard.

Chapitre des dhampires. Soit, il emportait le livre avec lui et le lirait rapidement avant de le remettre en place, ni vu ni connu. Il devait s'admettre heureux d'être tombé sur des informations qui lui permettraient peut-être de s'approcher d'Ayla et de mieux la comprendre.
Une belle virée nocturne s'acheva lorsque Lucien referma la porte derrière lui et repartit en forme d'oiseau, le livre posé sur la même dalle mouvante que lui, jusque dans sa zone élémentaire. Une fois arrivé là-bas, il s'endormit rapidement, épuisé par cette aventure.